Le ministère des affaires étrangères a annoncé, dimanche 15 août, que la France va déployer des renforts militaires aux Emirats arabes unis (EAU) pour faciliter l’évacuation de ses ressortissants, après avoir déplacé son ambassade à l’aéroport de Kaboul face à l’avancée fulgurante des talibans, désormais aux portes de la capitale afghane.
« Le ministère des armées va déployer dans les prochaines heures des renforts militaires et des moyens aériens aux Emirats arabes unis, pour que de premières évacuations vers Abou Dabi puissent commencer », écrit le quai d’Orsay dans un communiqué, ajoutant avoir aussi « décidé de relocaliser l’ambassade sur le site de l’aéroport de Kaboul (…) pour procéder notamment à l’évacuation de l’ensemble de nos compatriotes ».
Emmanuel Macron, qui suit « la situation heure par heure », doit présider lundi à 12 heures en visioconférence un Conseil de défense.
Les autorités françaises assurent être « en contact avec les Français qui se sont signalés » et rappellent que ces « opérations d’évacuation méthodique de nos ressortissants sont en cours depuis des semaines ». Les Français présents en Afghanistan avaient été invités dès le mois d’avril à quitter le pays et un vol spécial avait été affrété le 16 juillet.
L’Elysée a pour sa part souligné que la « priorité immédiate et absolue dans les prochaines heures (était) la sécurité des Français ainsi que des personnels sur place, français et afghans ».
Le président Ashraf Ghani a fui l’Afghanistan dimanche, laissant de fait le pouvoir aux talibans qui ont atteint Kaboul, symbole de leur victoire militaire totale, en une offensive de tout juste dix jours. Les talibans ont aussi pris, dimanche, le contrôle du dernier poste-frontière encore aux mains du gouvernement afghan : celui de Torkham, à la frontière avec le Pakistan. Cela signifie que les insurgés ont désormais la maîtrise de l’ensemble des frontières afghanes, faisant de l’aéroport de Kaboul la dernière porte de sortie du pays.
Le mouvement islamiste radical s’apprête donc à revenir au pouvoir, vingt ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les Etats-Unis en raison de son refus de livrer le chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.
Suspension des expulsions de migrants afghans
La France a par ailleurs réitéré sa volonté de « continuer de mettre en protection les personnalités de la société civile afghane, défenseurs des droits, artistes et journalistes particulièrement menacés pour leur engagement. Tout est mis en œuvre actuellement pour maintenir, autant que possible, une capacité de délivrance des visas ».
Vendredi, Paris avait promis « un effort exceptionnel » pour accueillir en France des personnalités afghanes menacées pour leur engagement en faveur des droits humains ou de la liberté d’expression – artistes, journalistes et défenseurs des droits. Paris précise avoir organisé depuis le mois de mai l’accueil de 625 Afghans employés dans les structures françaises présentes en Afghanistan et de leur famille.
La France, qui a eu recours ces dernières années à des civils recrutés localement pour aider son personnel sur place, en particulier des interprètes, a déjà organisé l’accueil de 550 personnes avec leur famille entre 2013 et 2015 et de 800 en 2018 et 2019, précise l’Elysée. Et comme d’autres pays européens, la France a suspendu depuis juillet les expulsions de migrants afghans déboutés de leur demande d’asile.
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