Les Etats-Unis et les Britanniques évacuent leurs ressortissants d’Afghanistan à la hâte et sous protection militaire. Les Allemands sont invités à quitter le pays en urgence. Les Français les avaient précédés, dès juillet. Au même moment, quelques-uns des Etats membres de l’Union européenne (UE) s’acharnent à vouloir renvoyer de force dans leur pays d’origine des réfugiés afghans déboutés du droit d’asile. « C’est une contradiction flagrante, dénonce Philippe De Bruycker, professeur à l’Université libre de Bruxelles et spécialiste de l’asile et de l’immigration. D’un côté, le pays n’est plus du tout sûr pour les citoyens européens, de l’autre, certains gouvernements voudraient faire croire qu’il est assez sûr pour y expulser des Afghans. C’est de la folie furieuse. »
La polémique a enflé lorsqu’une lettre, signée par les ministres de l’intérieur ou secrétaires d’Etat chargés des migrations de six pays – Autriche, Danemark, Grèce, Allemagne, Pays-Bas et Belgique –, adressée à la Commission européenne, a fuité dans la presse belge. Dans cette missive, du 5 août, les ministres soulignaient le « besoin urgent » de procéder à des retours volontaires et forcés vers l’Afghanistan, et d’appliquer pleinement la déclaration conjointe en matière de migration, signée avec le régime de Kaboul en avril, sur ces retours.
« Mauvais signal »
Le 8 juillet, le ministre afghan des réfugiés et du rapatriement avait pourtant fait parvenir une « note verbale » aux Vingt-Sept leur demandant de suspendre pour une durée de trois mois les retours forcés, au vu de la détérioration rapide de la situation sécuritaire. La Finlande et la Suède ont suivi cette recommandation. Mais, pour les auteurs de la lettre du groupe des six, mettre un terme aux retours forcés vers l’Afghanistan enverrait « un mauvais signal » et « motiverait encore davantage de citoyens afghans à quitter leur pays » pour rejoindre l’UE.
La délégation de l’UE en Afghanistan aurait fait parvenir peu après, selon l’agence de presse allemande DPA, un document aux Etats membres leur conseillant de suspendre les retours forcés. La situation a également évolué sur le plan juridique. Le 2 août, l’Autriche a dû, à la demande expresse de la Cour européenne des droits de l’homme, suspendre provisoirement l’expulsion d’un ressortissant afghan. Officiellement, « une suspension des retours forcés n’est pas discutée » en Autriche, explique au Monde l’Office fédéral de l’asile et de l’immigration.
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