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Dans Kaboul menacée par les talibans, les habitants « cherchent à liquider toute leur vie avant de quitter le pays »

Par Ghazal Golshiri

Publié aujourd’hui à 06h41

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ReportageLa capitale afghane vit au rythme des avancées des insurgés islamistes. Les parcs accueillent des réfugiés de tout le pays et la fuite à l’étranger représente souvent le seul horizon face à la peur du retour au pouvoir des talibans.

Kaboul est plongée dans une torpeur bien trompeuse, vendredi 13 août. C’est l’après-midi, et déjà la fin du week-end en Afghanistan, mais l’inquiétude des habitants de la capitale est palpable. Elle transparaît dans les conversations, mais aussi dans les étals des commerces d’une ville désormais sous la menace directe de l’offensive des talibans – qui viennent de s’emparer de Pul e-Alam, la capitale de la province du Logar, à seulement 50 km au sud de Kaboul.

Il y a encore quelques jours, les passants ne remarquaient guère les boutiques de seconde main du quartier de Taimani, situé dans le centre. Mais depuis peu, ils s’y pressent. Les grandes capitales des provinces afghanes chutent les unes après les autres entre les mains des rebelles islamistes – déjà 18 sur 34 – et de plus en plus d’Afghans vendent leurs affaires à petit prix avant de fuir.

« Ils cherchent à liquider toute leur vie avant de quitter le pays. Les gens ont très peur », explique Omar Afzali, l’un des commerçants. Assis sur une chaise devant des rangs d’objets usés – aspirateurs, valises, commodes, tapis, miroirs, matelas, rideaux, ventilateurs, penderies en bois et canapés –, il dit non « à vingt ou trente personnes » tous les jours : « Les vendeurs sont nombreux et je ne peux pas tout acheter. »

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La peur a atteint Omar Afzali, 22 ans, tout autant que ses clients. Sa fiancée vivait à Hérat, la troisième ville du pays, qui a été conquise jeudi 12 août par les talibans. « Je l’ai appelée il y a deux heures. Elle m’a dit qu’elle avait quitté Hérat et qu’elle était désormais dans un camp quelque part, je ne sais pas où », explique ce jeune homme à la barbe noire fournie. Sa fiancée, elle, craint surtout que les talibans ne la capturent pour la contraindre au mariage avec l’un des combattants. « Mon cœur brûle d’inquiétude », concède le jeune Afghan, reprenant une expression en dari, la langue persane du pays. Le jeune homme s’inquiète aussi pour ses sœurs, qui vivent dans un district du nord de Kaboul : « Là-bas, les talibans sont nombreux. Ça m’empêche de dormir la nuit. »

« Ces gens sont sans pitié »

Les exemples de la cruauté des talibans circulent au sein de la population. « Ces gens sont sans pitié », assure Omar Afzali, qui raconte l’histoire d’un homme vivant avec sa femme et sa fille à Hérat. Surpris par les islamistes chez lui, il leur a assuré qu’elles sont toutes les deux ses femmes, la polygamie étant autorisée, pour tenter de les sauver d’un mariage forcé. Las. Les talibans lui auraient pris sa femme en lui disant qu’une seule épouse lui suffisait.

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