Après six mois de tentatives infructueuses, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a finalement obtenu une audience, le 30 août, à Washington, auprès de son homologue américain, Joe Biden. La Maison Blanche n’a accordé son invitation qu’après avoir trouvé un terrain d’entente avec Berlin, pour lever les sanctions américaines contre le gazoduc russe Nord Stream 2. Un soufflet diplomatique pour Kiev, qui considère ce projet russe comme hostile et dangereux pour ses intérêts.
Selon M. Zelensky, le gazoduc, qui contourne le territoire ukrainien, représente une « grave menace pour la sécurité » de son pays. « Nord Stream 2 va priver l’Ukraine de ses approvisionnements en gaz, ce qui signifie nous priver d’au moins 3 milliards de dollars [2,5 milliards d’euros] par an… Nous n’aurons rien à verser à l’armée ukrainienne », affirmait le président ukrainien devant un groupe de sénateurs américains, le 2 juin.
Moscou nie toute dimension politique au projet de gazoduc. Mais le discours tenu à la télévision d’Etat russe présente parfois le projet sous un autre jour. Une présentatrice vedette déclarait ainsi en 2019 : « On termine le Nord Stream 2, puis on écrase l’Ukraine ! »
« Pas de lune de miel »
Aujourd’hui, la construction du gazoduc, qui relie directement les territoires russe et allemand en traversant le lit de la mer Baltique, est quasi achevée. M. Biden a justifié la levée des sanctions américaines par « l’impossibilité » de l’arrêter, ainsi que par le désir de « réparer » les relations avec l’Allemagne, très attachée au projet en raison de ses besoins gaziers. Soucieuse toutefois de ménager Kiev, la chancelière allemande, Angela Merkel, a annoncé qu’elle se rendra en Ukraine le 22 août pour y rencontrer M. Zelensky.
M. Biden a choisi d’ignorer son homologue ukrainien à plusieurs reprises durant sa tournée européenne, notamment lors du sommet de l’OTAN. Kiev réclame une intégration à l’alliance militaire transatlantique pour garantir sa sécurité. « Biden voulait régler le problème du gazoduc avant la visite de Zelensky, afin de ne pas avoir affaire au sujet bilatéral le plus irritant », analyse Alyona Getmanchuk, directrice du groupe de réflexion sur les affaires internationales New Europe Center, établi à Kiev.
Ce n’est pas le seul dossier « irritant ». Durant la campagne présidentielle américaine de 2020, l’Ukraine a été au centre d’une campagne de désinformation visant Joe Biden, à travers son fils Hunter. Ce dernier était accusé par Donald Trump, avec Rudy Giulani, alors avocat de l’ex-président à la manœuvre, de corruption lorsqu’il siégeait au conseil d’administration de la compagnie gazière ukrainienne Burisma. A l’époque, Volodymyr Zelensky avait paru empêtré malgré lui dans cette affaire qui a laissé des traces. Elle a, notamment, rendu l’actuelle Maison Blanche encore plus exigeante envers l’administration ukrainienne sur les questions de réforme, de gouvernance des entreprises publiques et de lutte contre la corruption.
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