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Pass sanitaire: les cinémas à nouveau obligés de s’adapter

ges.fr/politique/le-pass-sanitaire-s-invite-dans-le-quotidien-des-francais_776389″ target= »_blank »>pass sanitaire est obligatoire pour accéder aux cinémas comme à tous les lieux prévus pour des activités culturelles recevant au moins 50 personnes. A partir de ce lundi 9 août la loi relative à la gestion de la crise sanitaire entre en vigueur, ouvrant la voie à l’application de ce « pass sanitaire » pour tous les lieux publics y compris en dessous de 50 personnes.

Or le pass sanitaire aurait une conséquence catastrophique sur la fréquentation des salles de cinémas. « Au lendemain de sa mise en place en juillet, nous avons constaté une baisse de 70% de nos entrées » déplore David Scantamburlo, directeur marketing de CGR cinémas. Le groupe français de 73 cinémas, avait traité différemment la nouvelle de l’extension du pass sanitaire le 21 juillet. Une dizaine de ses complexes, les plus petits avec des capacités d’accueil réduites, avaient appliqué la jauge de 49 personnes, mais une grande majorité, plus de 60 cinémas ont dû instaurer le pass sanitaire à l’entrée. « Pour les multiplexes ce n’était pas jouable », explique David Scantamburlo. Deux semaines après, la chute est moins forte mais reste encore très lourde: « -50% d’entrées par rapport à 2019 ».

Netflix plutôt que les salles obscures pour les anti pass

Le directeur marketing de CGR Cinémas explique cette perte « uniquement par la mise en place du pass sanitaire, puisqu’il n’y a pas de problèmes d’offres, nous avons les films ». Une année même particulièrement riche selon lui: « des blockbusters, des comédies, des films de genre, on a tout pour les spectateurs ». La mise en place du pass sanitaire, « comme ça de manière peu pragmatique et précipitée » représente un danger pour l’emploi du cinéma sur le long terme, regrette David Scantamburlo, et impacte la façon de consommer des gens, notamment des opposants au pass sanitaire: « beaucoup de spectateurs nous ont tourné le dos, en publiant sur les réseaux ‘si vous jouez le jeu du gouvernement, on ne remettra plus les pieds au cinéma, nous maintenant on préfère rester sur Netflix, Amazon et Disney + ».

Si les grands multiplexes ont endossé de lourdes pertes de leur fréquentation ce n’est pas le cas des cinémas indépendants. Jason Benhaim, directeur du cinéma « le Brady » dans le 10ème arrondissement de Paris n’a pas constaté de différence de visiteurs avant et après le 21 juillet. Jusqu’à aujourd’hui il avait appliqué la jauge à 49 personnes par salle. Si le cinéma n’a jamais fait salles combles, « on a quand même du monde, il y a des soirs où on arrivait proche des 49 personnes ». Pour voir des films indépendants, « ce sont des spectateurs cinéphiles qui sont toujours au rendez-vous », ajoute Jason Benhaim qui ne se dit pas du tout concerné par cette baisse de 70%.

Dans son cinéma nantais, le « Katorza », Caroline Grimaud avait également appliqué la jauge a 49 personnes, et s’en réjouit. Une « très bonne » fréquentation du cinéma, dit-elle, qui aide à rattraper une « année dernière chaotique, où nous avions connu une baisse de fréquentation de 40% par rapport à 2019 ». Mais le pass sanitaire obligatoire dès lundi 9 août l’inquiète, si la fréquentation était si favorable c’est « parce que justement nous n’avions pas encore le pass sanitaire ». Les salles à 49 places étaient complètes le soir avec une programmation très riche de films d’auteurs grâce au festival de Cannes, sans compter le coup de pouce du mauvais temps.

« Précipitation et un flou artistique »

« Nous avons été les premiers à mettre en place ce pass sanitaire, nous avons été utilisés comme un instrument pour pousser à la vaccination », s’insurge alors David Scantamburlo, de CGR cinémas. Il aurait souhaité avoir un peu plus de temps pour se préparer, comme les autres secteurs, qui eux mettent en place le pass sanitaire à partir du 9 août. « Alors que nous, nous avons dû l’instaurer dès le 21 juillet, 9 jours après les annonces d’Emmanuel Macron, dans une précipitation et un flou artistique, proteste ce directeur, ce qui n’a pas aidé à envoyer un message très clair aux spectateurs ».

Alors pour attirer tout de même des clients, on trouve à ce jour devant une quinzaine de sites CGR, des tentes qui proposent des tests antigéniques avec des résultats en 15 minutes. « Malheureusement, nous n’y avons accès que depuis le 26 juillet, on ne nous a pas laissé le temps de démarcher les mairies et les pharmacies », pour pouvoir délocaliser des tentes plus tôt et plus rapidement. Les directeurs d’établissement continuent donc de faire des demandes localement pour obtenir une tente devant le cinéma, « quand ça fonctionne c’est super, c’est de l’entraide, ça ne coûte rien au cinéma », et ça garantit quelques spectateurs supplémentaires se réjouit David Scantamburlo.

Jason Benhaim a lui trouvé ces annonces précipitées, mais surtout pour les spectateurs. Beaucoup d’entre eux ont appelé, ils « étaient perdus et ne savaient pas dans quelle situation ils se trouvaient », témoigne le directeur du Brady. Devant son cinéma on trouve également une tente de dépistage au Covid; elle n’a pas été installée à sa demande, mais fait plaisir au propriétaire: « nous avons pu prévenir nos spectateurs qu’ils pouvaient faire un test juste avant leur séance, ce qui ramène toujours quelques clients en plus. »

Le prix du pass

Mais maintenant qu’il n’y a plus de jauge, tous les cinémas sont logés à la même enseigne: pass sanitaire obligatoire. Les cinémas CGR, déjà habitués, contrôlent donc systématiquement leurs visiteurs à l’entrée, le plus souvent à l’extérieur, des contrôles qui coûtent cher, explique David Scantamburlo: « Il a fallu équiper tous nos cinémas de terminaux pour contrôler le QR code, on ne peut pas demander aux employés de biper le pass sanitaire avec leur téléphone personnel. » Il a aussi fallu mettre une personne à temps plein à ce poste, chargée uniquement de scanner le pass. Contrôler également les billets à ce moment entrainerait une répercussion sur les flux, et créeraient des attroupements, « anti-covid friendly » ajoute-t-il. Résultat, une personne dédiée au pass sanitaire pour chacun des 73 cinémas, soit « 73 postes créés uniquement pour ça ». 

Caroline Grimaud du « Katorza » de Nantes s’attend à une moindre fréquentation une fois le pass sanitaire mis en place. Elle n’a habituellement pas besoin de beaucoup d’employés pour la saison estivale, une période calme pour les cinémas indépendants. Mais « avec le contrôle du pass sanitaire, nous sommes obligés d’embaucher une personne en plus alors qu’on sait qu’on aura moins de spectateurs. » Une vraie contrainte économique: « nous aurons moins de recettes et pourtant besoin de plus de monde. »

Le directeur du Brady n’aura, lui, pas besoin d’embaucher de bras supplémentaires, le débit de spectateurs ne le justifie pas. L’attente sera peut être plus longue à la caisse, mais le pass sanitaire ne lui coûte qu’un téléphone pour scanner le QR code. Il se dit « techniquement prêt » et ne « pas avoir peur ».

« Aujourd’hui le secteur va très mal », ajoute pour finir le directeur marketting de CGR cinémas, avec un chiffre d’affaires de l’entreprise à moins 50% par rapport à 2019, demandant « des aides et du soutien du gouvernement ».

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