Les conducteurs de trains allemands ont appelé mardi à une grève nationale de plusieurs jours afin de peser dans les négociations salariales avec leur direction, alors que les vacances d’été battent leur plein, et que des problèmes de livraison plombent déjà l’économie.
Le syndicat GDL des conducteurs de la Deutsche Bahn, l’opérateur ferroviaire public allemand, a annoncé mardi une « première action » sur les trains cargos dès mardi, avant une action syndicale globale » de mercredi à vendredi.
Le mouvement devrait être massivement suivi: la motion a été adoptée à 95% lors d’un vote réalisé auprès des 37.000 membres du syndicat.
A l’origine de la mobilisation: l’échec des négociations salariales sur la prochaine convention collective entre la direction et le syndicat, notamment en ce qui concerne les augmentations de salaires.
La Deutsche Bahn, détenue à 100% par l’Etat allemand, a proposé une hausse de 1,5% des salaires à partir de janvier 2022, puis 1,7% à partir de mars 2023.
Une proposition jugée « beaucoup trop faible » par le syndicat, qui demande une augmentation de 1,4% dès 2021 ainsi qu’un bonus de 600 euros, puis 1,8% en 2022.
-« Bernés »-
« Les cheminots en ont assez que les dirigeants s’emplissent les poches de millions et que les petits cheminots soient bernés », a affirmé Claus Weselsky, le président du syndicat GDL.
Cette annonce, qui était attendue depuis plusieurs jours, passe mal auprès de la direction de l’entreprise, qui peine à se relever de la pandémie de coronavirus.
Cette grève est une « une escalade inutile faite sur le dos des clients du rail », a estimé la Deutsche Bahn dans un communiqué mardi.
Le directeur des ressources humaines, Martin Seiler, a de son côté regretté que le mouvement social intervienne « alors que nous commençons à peine à être de nouveau mobiles ».
Avec la saison estivale, le groupe connaissait une reprise d’activité après des mois de restrictions liées à la pandémie de coronavirus.
L’entreprise a particulièrement souffert de la crise, faisant état d’une perte de 5,7 milliards d’euros en 2020, du jamais vu dans son histoire.
Le groupe a même dû demander une recapitalisation à l’État allemand à hauteur de 5 milliards d’euros.
« Nous avons besoin de solidarité, surtout maintenant », a déclaré le ministre des Transports Andreas Scheuer, martelant que la pandémie de coronavirus avait « fortement touché » l’entreprise.
-Logistique-
« Nous avons intentionnellement choisi ce moment de la semaine pour limiter l’impact sur le trafic du week-end et des vacances », a rétorqué mardi Claus Weselsky.
Ce n’est « jamais le meilleur moment » pour une grève, a-t-il ajouté.
La Deutsche Bahn a de son côté appelé le syndicat à « revenir à la table des négociations ».
Le mouvement social devrait également toucher les trains de marchandises, une activité importante de la Deutsche Bahn, à travers sa filiale DB Cargo.
Des perturbations qui s’ajouteront aux problèmes de livraisons et de logistique déjà existants, qui plombent depuis plusieurs semaines l’industrie allemande, pilier du modèle économique du pays.
La pandémie de coronavirus a en effet bouleversé les chaînes mondiales d’approvisionnement, conduisant à des goulots d’étranglement sur les marchés des composants électroniques, du bois, des plastiques et de l’acier, notamment.
La production industrielle a déjà sensiblement chuté ces trois derniers mois en Allemagne à cause de ces pénuries.
Cette grève sera la première à toucher l’entreprise allemande depuis décembre 2018, lors de laquelle l’activité avait été stoppée pour quatre heures.
Mais le dernier conflit social majeur est celui s’étant déroulé entre 2014 et 2015.
Pendant environ neuf mois, le syndicat GDL avait organisé neuf grèves de plusieurs jours chacune, pour demander une réforme des règles de représentation.
En mai 2015, une grève de six jours était ainsi devenue la plus longue de l’histoire de l’entreprise.
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