Le premier ministre australien, Scott Morrison, a rejeté mardi 10 août les appels à revoir les objectifs climatiques de l’Australie à la hausse, malgré le rapport alarmant de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur le climat, publié la veille. Le chef du gouvernement a averti qu’il ne souhaitait pas fixer d’objectifs en matière de neutralité carbone.
L’Australie s’était déjà illustrée en la matière il y a deux ans, avec un refus similaire lors du sommet annuel du Forum des îles du Pacifique (FIP), en août 2019. Alors que la plupart des pays appelaient à des mesures concrètes pour lutter contre les risques que fait peser le changement climatique dans la région, le rassemblement s’était conclu par un manque d’engagement du gouvernement australien, qui avait alors refusé de se fixer un objectif d’abandon du charbon comme source d’énergie. Quatre ans avant, lors de la COP21, à Paris, en 2015, les timides engagements climatiques de l’Australie avaient également été relevés : une diminution de 26 % (pouvant aller jusqu’à 28 %) de ses émissions avant 2030 par rapport à 2005. Même les Etats-Unis, pourtant peu prompts à prendre ce type d’engagement, avaient fait mieux en affichant un objectif de diminution de 26 % à 28 % de leurs émissions avant 2025 par rapport à 2005.
« L’Australie fait sa part », a déclaré mardi M. Morrison. « En l’absence de projets, je ne signerai pas un chèque en blanc au nom des Australiens afin d’atteindre ces objectifs », a-t-il mis en garde. L’immense île continent est l’un des plus importants importateurs au monde de charbon et de gaz naturel. Les récents incendies, la sécheresse et les cyclones d’une rare intensité qui ont frappé le pays sont, selon des scientifiques, aggravés par le changement climatique. L’Australie est en première ligne de la crise climatique mondiale.
« Nous devons adopter une approche différente »
A quelques mois d’un sommet international sur le climat, M. Morrison a rejeté les appels – y compris de la part d’alliés comme les Etats-Unis – à adopter un objectif officiel de réduction ou de compensation de ses émissions de carbone. L’Australie a laissé entendre qu’elle atteindrait des émissions de carbone nulles « dès que possible », et de préférence d’ici à 2050, mais n’a pris aucun engagement en ce sens.
Le chef du gouvernement semble vouloir détourner l’attention vers les pays en développement et les nouvelles technologies, qui, à ses yeux, sont la solution à la crise. « Nous devons adopter une approche différente. Nous devons nous concentrer sur les avancées technologiques nécessaires pour changer le monde et notre mode de fonctionnement », a dit M. Morrison.
De nombreux responsables politiques de la coalition conservatrice du premier ministre entretiennent des liens étroits avec l’industrie minière et nient l’existence du changement climatique ou cherchent à en minimiser les risques. Le Parti libéral du premier ministre ainsi que le Parti travailliste, dans l’opposition, sont favorables à la poursuite de l’exploitation des mines de charbon.
Rapport du GIEC : les nations insulaires appellent le monde à sauver leur avenir
Après la publication, lundi 9 août, du rapport de l’ONU alertant sur le réchauffement de la planète et la hausse du niveau des mers, des dizaines de petits Etats insulaires vulnérables aux effets du changement climatique ont appelé le monde à sauver leur avenir.
« Nous devons inverser la tendance », a déclaré Diann Black-Layne, négociatrice principale sur le climat pour l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis) et ambassadrice d’Antigua-et-Barbuda, dans un communiqué publié lundi soir.
« Le fait est que si nous limitons le réchauffement à 1,5 degré, nous risquons toujours une augmentation du niveau de la mer d’un demi-mètre. Mais si nous empêchons le réchauffement d’atteindre 2 degrés, nous pouvons éviter une élévation du niveau de la mer de trois mètres à long terme. C’est notre avenir même qui est en jeu », a-t-elle ajouté.
L’Aosis regroupe 39 Etats membres, dont Cuba, la Jamaïque, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Maldives, le pays le plus bas du monde. Ces pays insulaires soulignent que des mesures cruciales doivent être adoptées par les gouvernements du monde entier pour limiter le réchauffement à l’objectif de 1,5 degré fixé par l’accord de Paris en 2015.
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