Le président Daniel Ortega a porté un coup fatal à la démocratie au Nicaragua. Le Conseil suprême électoral (CSE), contrôlé par le régime, a annulé, vendredi 6 août, le statut légal de l’unique parti d’opposition, Citoyens pour la liberté (CxL, droite), en lice pour le scrutin présidentiel et législatif du 7 novembre. Cette décision fracassante laisse le champ libre à l’ancien guérillero sandiniste de 75 ans, qui aspire à un quatrième mandat consécutif, provoquant un tollé international.
« La démocratie ne peut pas être effacée », s’est offusqué, vendredi, sur son compte Twitter, Oscar Sobalvarro, qui venait d’être désigné candidat présidentiel du CxL. Son parti était à la tête d’une plate-forme électorale formée avec une partie des mouvements insurrectionnels qui réclament la fin du régime « autoritaire » de M. Ortega et de son épouse, Rosario Murillo, sa vice-présidente.
Plutôt tortueuse, la décision du CSE s’appuie sur une plainte déposée par le Parti libéral constitutionnaliste (PLC, conservateur), accusé par l’opposition de connivence avec le régime. Le recours du PLC contre le CxL dénonce notamment la « double nationalité [américaine et nicaraguayenne] de sa présidente, Carmella Rogers Amburn [surnommée Kitty Monterrey] en violation notoire de la loi électorale », entraînant « la nullité de tous les actes du parti CxL ». Cette résolution précise aussi que Mme Rogers Amburn perd sa nationalité nicaraguayenne, l’accusant de l’avoir obtenue de manière « frauduleuse ».
Une élection sans réel adversaire
L’éviction du CxL des urnes, qui exclut de fait la candidature présidentielle de M. Sobalvarro, 60 ans, annonce une élection sans réel adversaire pour M. Ortega et son parti, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN), au pouvoir de 1979 à 1990 et de 2007 à aujourd’hui. Les magistrats du CSE invoquent aussi une infraction par le CxL à « la loi de défense des droits des peuples ». Cette dernière a été votée, fin 2020, par l’Assemblée nationale, où le FSLN est majoritaire. Le texte prévoit des peines de prison contre les « traîtres à la patrie », qui « menacent la souveraineté » du pays, les interdisant de se présenter à une élection.
Cette loi a aussi été brandie contre la plupart des 31 opposants incarcérés ou placés en résidence surveillée depuis juin, dont sept postulants à la présidentielle. Sans compter l’ancienne reine de beauté Berenice Quezada, 27 ans, colistière de M. Sobalvarro, démise de sa candidature face à Mme Murillo qui brigue un second mandat de vice-présidente aux côtés de son époux. Le ministère public a toutefois annoncé, mardi 3 août, que Mme Quezada restera en liberté.
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