Le brasier continue de consumer les villages et les terres. L’île d’Eubée, la plus grande de Grèce, reste en proie aux flammes dimanche 8 août, au douzième jour de la catastrophe qui frappe la Grèce. « D’après ce que l’on voit, le feu n’est pas près d’être sous contrôle », a déclaré le maire de Mantoudi, une commune d’Eubée, sur Skai TV.
Cette langue de terre coincée entre l’Attique et la mer Egée offrait, dimanche, un panorama apocalyptique. Le long des routes, les résidents aspergeaient d’eau leurs terrains, tandis que les flammes engloutissaient les zones boisées. En revanche, aux portes d’Athènes, le sinistre qui a détruit des dizaines d’habitations, d’usines et d’entreprises était maîtrisé dimanche, ont fait savoir les pompiers grecs.
Avec des températures de plus de 40 degrés, la Grèce, mais aussi la Turquie, traverse une canicule exceptionnelle ; la pire pour les Grecs en plus de trente ans, selon le premier ministre, Kyriakos Mitsotakis. Les incendies, qui s’y sont déclarés par dizaines, ont fait huit morts en Turquie, deux morts et trois blessés dans un état grave en Grèce.
Si la plupart des feux étaient maîtrisés dimanche en Turquie, les soldats du feu luttent toujours contre les flammes, de part et d’autre, de la mer Egée : dans la région turque de Mugla, dans le sud-ouest du pays, et sur la péninsule grecque du Péloponnèse, à 300 kilomètres à l’ouest d’Athènes.
« La situation est critique »
Le drapeau grec voilé par un épais nuage de fumée à Gouves, sur l’île d’Eubée, le 8 août 2021. PETROS KARADJIAS / AP
La première préoccupation des pompiers grecs reste, dimanche, Eubée, île montagneuse couverte de pins qui attire traditionnellement touristes grecs et étrangers. « On en a vécu des incendies, mais cette situation c’est du jamais-vu », se désole Nikos Papaioannou, un habitant de Gouves, sur l’île.
Malgré le relief accidenté, près de 500 pompiers poursuivent leur combat acharné contre le feu dans le nord de l’île, qui s’est réveillée, dimanche, enveloppée dans un épais nuage de fumée et sous une pluie de cendres. Parmi eux figurent quelque 200 pompiers venus d’Ukraine et de Roumanie, renforcés par sept avions et hélicoptères bombardiers d’eau, selon les services d’incendies grecs.
Mais « les forces ne sont pas suffisantes », a estimé Giorgos Kelaïtzidis, vice-gouverneur d’Eubée. « La situation est critique à l’heure actuelle ». Selon lui, au moins 35 000 hectares et des centaines de maisons ont brûlé. « On livre un combat titanesque, mais il faudra beaucoup de temps pour reconstruire », a-t-il ajouté.
56 000 hectares ravagés
Le principal front de l’incendie avait été estimé à 30 kilomètres de large, samedi, par les autorités. « Le front est trop grand. On essaye de sauver le village, mais les moyens sont insuffisants », s’est lamenté Nikos Papaioannou. « C’est dramatique. On va tous finir à la mer. »
Quelque 2 000 habitants de l’île ont été évacués et relogés dans des hôtels. Des ferrys et des navires militaires restent en alerte en cas de nouvelles évacuations par la mer, alors que 350 habitants supplémentaires ont été récupérés sur une plage de Pefki dimanche, selon les gardes-côtes.
Alors que les flammes se dirigeaient vers la ville d’Istiaia dimanche matin, dévorant habitations et pinèdes, Iraklis, un habitant, a estimé sur Open TV que « 40 000 personnes vivront comme des morts-vivants ces prochaines années à cause de la destruction de la région ».
Dans le Péloponnèse, les principaux fronts dans les régions du Magne, d’Ilia et de Messinie, où plusieurs villages ont été évacués samedi, sont toujours actifs dimanche. Plus de 56 000 hectares ont été ravagés ces dix derniers jours en Grèce, selon le Système européen d’information sur les feux de forêt. Quelque 1 700 hectares avaient brûlé en moyenne sur la même période entre 2008 et 2020.
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