C’est la troisième enquête fédérale sur les « modèles et pratiques » de la police d’une grande ville américaine lancée par le ministre de la justice Merrick Garland. Il a annoncé, jeudi 5 août, l’ouverture d’une investigation sur la police municipale de Phoenix, accusée d’un usage excessif de la force envers les plus vulnérables.
Les enquêtes se multiplient dans la foulée du mouvement de colère contre les violences policières et le racisme qui a secoué le pays l’an dernier. En avril, des enquêtes similaires avaient été ouvertes sur la police de Louisville (centre-est), où des agents avaient abattu une jeune femme noire, Breonna Taylor, dans son appartement, et sur la police de Minneapolis (nord) où le policier blanc Derek Chauvin a été condamné à 22 ans et demi de prison pour le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd.
« Cette enquête va examiner tous les types de force utilisés » par la police de Phoenix, a précisé le ministère de la justice dans un communiqué. Elle devra déterminer si les policiers de la capitale de l’Arizona abusent systématiquement de leurs pouvoirs et s’ils violent les droits des minorités. Elle portera aussi sur le traitement par les policiers des sans-logis et des personnes souffrant d’addictions ou de troubles mentaux.
Le miroir de problèmes sociaux
Selon les médias locaux, la police de Phoenix a eu plus souvent recours à la force que d’autres villes de taille similaire ces dernières années, et c’est la population afro-américaine qui en a le plus fait les frais. Si l’existence de pratiques illégales est prouvée, une procédure judiciaire visant à obliger la ville à entreprendre d’importantes réformes de sa police pourrait suivre.
« Ces enquêtes sont destinées à favoriser la transparence et à faire rendre des comptes », a déclaré M. Garland, ajoutant que le chef de la police et le maire de Phoenix avaient donné leur accord. Mais le ministre de la justice a souligné que les policiers n’étaient pas les seuls responsables. « Notre société alourdit la tâche de la police en se tournant vers les services de maintien de l’ordre pour régler un large éventail de problèmes sociaux », a-t-il dit, prévenant que le nombre de sans-abri risquait d’augmenter dans les prochains mois après l’expiration d’un moratoire sur les expulsions pour loyers impayés.
Les policiers sont souvent les premiers appelés lorsqu’un sans-abri souffre d’un trouble psychique, a-t-il noté. « Les risques pour tous ceux qui sont impliqués dans ces interactions sont énormes ». La question des sans-logis « ne peut pas être réglée par la justice pénale ».
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