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En Ethiopie, les rebelles tigréens prennent le contrôle de Lalibela

Une église taillée dans le roc à Lalibela, en 2011. STR NEW / REUTERS

Des rebelles de la région éthiopienne du Tigré, en proie à un conflit armé, se sont emparés jeudi 5 août de Lalibela, dans la région voisine de l’Amhara, un site célèbre pour ses églises taillées dans le roc et classé par l’Unesco au patrimoine mondial, selon des habitants.

« Ils sont arrivés dans l’après-midi et il n’y a pas eu de combats. Il n’y avait pas de forces de sécurité dans les environs. Les forces du TPLF [Front de libération du peuple du Tigré] sont dans la ville maintenant », a déclaré l’un d’eux à l’AFP. Les Etats-Unis ont appelé les rebelles à « protéger cet héritage culturel », soulignant que Lalibela était « un testament de la civilisation éthiopienne ». Les autorités n’ont pas pour l’instant confirmé la prise de Lalibela par les rebelles.

Des affrontements font rage au Tigré depuis novembre 2020, lorsque le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a envoyé des troupes pour renverser le TPLF, le parti régional qui a longtemps dominé la politique nationale avant son arrivée au pouvoir, en 2018. Le chef du gouvernement, Prix Nobel de la paix 2019, a justifié cette intervention par la nécessité de riposter aux attaques répétées de cette organisation contre les camps de l’armée.

Les combattants « dansaient et s’amusaient »

Malgré la promesse d’une victoire rapide, la guerre s’est prolongée, prenant un nouveau tournant en juin lorsque les forces fidèles au TPLF ont repris la capitale du Tigré, Makalé, et obligé l’armée éthiopienne à battre en retraite. Depuis, ce mouvement mène des offensives armées dans les régions voisines, l’Afar et l’Amhara. Soldats et miliciens se sont mobilisés en masse dans certaines parties de cette dernière région pour repousser l’avancée des rebelles.

Mais selon plusieurs habitants de Lalibela contactés par l’AFP, leur ville est tombée jeudi sans opposer de résistance. Les combattants du TPLF « dansaient et s’amusaient » sur la principale place de la ville, a déclaré l’un d’eux. « La plupart des gens quittent la ville vers des zones reculées », a témoigné un troisième habitant de Lalibela, précisant qu’il se cachait dans sa maison avec sa famille. « Cette fois, ça suffit !, a protesté le vice-président de l’Amhara, Fanta Mandefro. Nous devons défendre notre population. »

L’incursion du TPLF en dehors du Tigré a soulevé de nombreuses critiques à l’étranger. L’ONU a de nouveau appelé cette semaine les belligérants à mettre fin aux hostilités. Un appel renouvelé aussi par Washington jeudi. La diplomatie américaine a notamment exhorté les rebelles tigréens à retirer leurs forces des régions voisines, tout en plaidant plus largement pour des discussions « immédiates et sans conditions préalables » en vue d’un cessez-le-feu.

« Ils tiraient des roquettes et avaient des snipers »

« J’espère qu’en ces circonstances, la communauté internationale va commencer à se réveiller et voir cette organisation pour ce qu’elle est : une organisation terroriste qui s’est emparée du bien-être de la population du Tigré pour servir ses féroces objectifs », a déclaré Billene Seyoum, la porte-parole d’Abiy Ahmed, ajoutant devant la presse que plus de 300 000 personnes avaient été déplacées par les récents combats dans ces deux régions. Le gouvernement a plusieurs fois accusé les dirigeants occidentaux de fermer les yeux sur les crimes commis par le TPLF.

La ville amhara de Kobo, à environ 100 km de Lalibela, est aussi sous le contrôle du TPLF, à l’issue de plusieurs jours d’intenses combats, a déclaré cette semaine à l’AFP un combattant local. « Il y a eu des tirs d’artillerie lourde. On avait des kalachnikovs mais ils tiraient des roquettes de mortier et utilisaient des snipers », a ajouté ce combattant, Eskindir Molla, qui a depuis battu en retraite dans le sud.

Le TPLF a assuré ne pas avoir l’intention d’étendre son contrôle territorial au-delà du Tigré, mais vouloir « libérer » le sud et l’ouest du Tigré. Les forces de l’Amhara, qui borde le sud du Tigré, ont profité du conflit pour annexer des zones fertiles de l’ouest tigréen. Les Amhara estiment que le TPLF s’en est emparé illégalement au début des années 1990. De nombreux pays et l’ONU exhortent le TPLF à observer un cessez-le-feu pour permettre à l’aide humanitaire d’être acheminée, 400 000 personnes au Tigré étant en proie à la famine.

Le Monde avec AFP

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