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Covid-19 : le foot, l’été et les précautions, les clés du “miracle” britannique ?

Le nombre de nouveaux cas de contaminations au Covid-19 a fortement baissé depuis deux semaines au Royaume-Uni. Une évolution de l’épidémie qui défie la plupart des prévisions : la fin des mesures de distanciation sociale, dans un pays où le très contagieux variant Delta est dominant, faisait craindre le scénario inverse. 

C’est quelque chose auquel le Covid-19 ne nous a pas habitués : une bonne surprise. Du moins, la baisse soudaine, rapide et contre toute attente du nombre de nouvelles contaminations au Royaume-Uni ces deux dernières semaines y ressemble fortement.

« Les données officielles montrent que le nombre de nouveaux cas confirmés a été divisé par deux ces quinze derniers jours : on est passé de 54 674 le 17 juillet à 22 287 le 2 août », souligne la revue scientifique Nature. 

Surprise et incrédulité

Ce n’est pas le scénario auquel le gouvernement britannique et une partie des scientifiques s’attendaient. Entre la présence du variant Delta, bien plus contagieux que les souches précédentes, et la fin des mesures de distanciation sociale décidée le 19 juillet, les spécialistes anticipaient plutôt une explosion des nouveaux cas.

Certains scénarios particulièrement sombres prévoyaient que le Royaume-Uni connaîtrait jusqu’à 100 000 nouveaux cas par jour avant la fin de l’été. Ce chiffre avait même été officiellement repris début juillet par Sajid Javid, le ministre de la Santé, pour pousser les Britanniques à ne pas baisser leur garde après le fameux « freedom day » (jour de liberté) du 19 juillet.

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Alors quand les premiers indicateurs ont suggéré, dès la semaine du 20 juillet, que le nombre de nouveaux cas étaient en chute libre, « nous avons tous été surpris, et franchement je n’y ai d’abord pas cru », se rappelle Kevin McConway, professeur émérite de statistiques appliquées à l’Open university et ancien vice-président de la Royal Statistical Society, interrogé par France 24. 

L’un des premiers réflexes des observateurs a été de mettre ce petit miracle épidémiologique sur le compte d’une baisse du nombre des tests PCR, note le quotidien The Guardian. Avec l’arrivée de l’été, une partie des Britanniques n’auraient pas voulu se faire tester et prendre le risque d’un résultat positif synonyme de quarantaine forcée et de vacances gâchées. 

Mais « pour les scientifiques la baisse du nombre de nouveaux cas positifs est trop importante pour pouvoir être expliquée seulement par cette réticence à se faire tester », souligne le Financial Times. Surtout, « les indicateurs montrent que les admissions à l’hôpital de patients atteints du Covid-19 ont stagné et commencent aussi à reculer, ce qui est encourageant et tend à confirmer l’hypothèse qu’il y a vraiment une décrue significative de nouveaux cas », explique Thomas Wingfield, spécialiste des maladies infectieuses à la Liverpool School of Tropical Medicine, interrogé par France 24. 

C’est donc une « tendance baissière à plus long terme à laquelle nous assistons ici », confirme Kevin McConway. Et elle est difficile à comprendre. « On savait qu’il y aurait un ralentissement des nouveaux cas après l’explosion début juillet, mais pas aussi vite, et aussi fort », reconnaît ce statisticien spécialiste des questions de santé.

« Coup de chance »

La meilleure explication à l’heure actuelle est « que la chance a été du côté du gouvernement après sa décision de suspendre les mesures de distanciation sociale », poursuit Kevin McConway. Il y a alors eu une succession de circonstances favorables à un ralentissement de la propagation du variant Delta.

« Les raisons sont probablement multifactorielles : un été chaud qui a poussé les gens à sortir davantage, et à ouvrir les portes et fenêtres permettant ainsi une meilleure aération des espaces clos, associé à la fin des cours », résume Thomas Wingfield. Autrement dit, les Britanniques se sont retrouvés dehors, où le virus circule moins facilement et les transmissions du milieu scolaire à l’entourage familial ont disparu. « Cela prouve à quel point la propagation du virus par les plus jeunes peut être un facteur important dans la dynamique de l’épidémie », souligne Nature.

Ce n’est pas tout. Il y a aussi un effet Euro-2021 de foot « qui n’avait pas du tout été pris en compte par les modèles de projection du nombre de contaminations », note Kevin McConway. Durant la compétition, les autorités britanniques avaient constaté une envolée des nouvelles infections parmi les hommes trentenaires, ceux qui ont le plus fréquenté les pubs et les stades pour soutenir l’équipe d’Angleterre. 

Après l’Euro de foot, il y avait ainsi beaucoup plus de jeunes de moins de 35 ans naturellement protégés contre le Covid-19 parce qu’ils venaient d’être contaminés. En d’autres termes, le terrain de chasse du SARS-COV-2 s’est considérablement rétréci : les plus de quarante ans sont dans leur très grande majorité vaccinés au Royaume-Uni, et une partie des jeunes adultes non-vaccinés vient tout juste d’être exposée au virus.

L’effet Euro-2021 sur la propagation du Covid-19 est d’autant plus réel que « le recul du nombre de nouveaux cas a commencé un peu plus tôt en Écosse, un pays dont l’équipe nationale a été éliminée plus tôt », rappelle Kevin McConway.

Enfin, il semblerait que les Britanniques se soient montrés beaucoup plus prudents que ce que les prévisionnistes avaient pu craindre en juillet. « Dans leurs modèles, l’un des principaux points d’interrogation concernait le comportement des gens après la levée des mesures de distanciations sociales », note Kevin McConway. Les projections les plus pessimistes partaient toutes du principe que la population allait jeter toutes les règles de prudence sanitaire à la poubelle après le 19 juillet. « Je pense que le fait que les gens continuent souvent à porter le masque pour faire des courses et gardent leurs distances dans les endroits clos fait une grande différence », juge cet expert de l’Open University. 

Le Premier ministre Boris Johnson aurait donc eu raison d’en finir avec les restrictions le 19 juillet contre l’avis d’une partie des scientifiques ? « Il est encore un peu tôt pour l’affirmer », assure Kevin McConway. Le gouvernement lui-même se montre d’ailleurs peu disert sur la baisse du nombre de nouveaux cas. « Le risque est que si on se réjouit trop, les gens pourraient relâcher leurs vigilances ce qui se traduirait probablement par une remontée du nombre de contaminations, car le virus reste à l’affût », note Kevin McConway.

Sa crainte est que ce ralentissement de la propagation du Covid-19 ne fasse que déplacer le problème à l’automne. Si l’épidémie repart de plus belle à la rentrée « on n’aurait rien gagné du tout, au contraire. Car les hôpitaux sont traditionnellement plus occupés à partir de l’automne à cause des maladies saisonnières et un afflux de patients atteint du Covid-19 risquerait de submerger le système de santé », conclut-il. 

C’est pourquoi il insiste sur la nécessité de continuer à inciter ceux qui le ne sont pas encore à se faire vacciner, car « les données montrent clairement que même face au variant Delta, les vaccins protègent très bien contre les formes graves de la maladie ».

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