Le dictateur est devenu premier ministre : dans un discours prononcé dimanche 1er août, le général Min Aung Hlaing a voulu marquer l’anniversaire des six mois du coup d’Etat militaire du 1er février en s’autoproclamant chef d’un « gouvernement provisoire ». Dans la foulée, le numéro un de la Tatmadaw (les forces armées birmanes) a annoncé que des élections auraient lieu « d’ici à août 2023 » et assuré « travailler à établir un système multipartite démocratique »…
Les experts n’ont pas manqué d’aussitôt remarquer que, le jour du putsch, il avait été annoncé qu’un scrutin aurait lieu « dans les deux ans » : cette date butoir fixée à août retarde donc déjà de six mois la tenue d’une éventuelle consultation électorale. Selon la Constitution, adoptée en 2008 sous le régime militaire précédent, l’état d’urgence en vigueur ne peut durer plus de deux ans ; après cette période, des élections doivent être organisées dans les six mois. La décision revient donc, de fait, à prolonger cet état d’exception pour encore deux ans. Initialement, il avait été promulgué pour un an, au lendemain du coup d’Etat.
L’avenir de la NLD en question
Quelle que soit la date du scrutin, ce dernier devrait de toute façon être dépourvu de sens : il est plus que probable que la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti de l’ancienne dirigeante Aung San Suu Kyi – désormais assignée à résidence et accusée de dix chefs d’inculpation –, soit dissoute d’ici là. Or, une élection sans la NLD – dont la popularité lui avait permis de triomphalement remporter les scrutins de 2015 et de 2020 – sera dépouillée de toute légitimité démocratique
C’est précisément l’ampleur de la victoire de la NLD au scrutin du 8 novembre 2020 qui avait poussé le général Min à mettre fin à une singulière parenthèse de coexistence entre l’armée et un gouvernement élu : le chef de l’armée avait alors affirmé que le vote avait été entaché de fraudes électorales et que la NLD avait, à l’époque, comme il l’a répété dans son discours de dimanche, « abusé de son pouvoir exécutif de manière inappropriée ». Le régime a officiellement annulé les résultats des élections le 26 juillet, tout en chargeant une nouvelle commission électorale de l’organisation d’un prochain scrutin.
La télévision d’Etat est venue, dimanche, corroborer les déclarations du maître de la Birmanie, qui occupait jusque-là les fonctions de chef du Conseil d’administration de l’Etat (CAS), nom officiel du régime depuis le putsch. « Afin que les affaires du pays soient gérées rapidement et de manière efficace, le Conseil d’administration de l’Etat a été transformé en en gouvernement provisoire », a déclaré un présentateur, lisant son texte à l’écran.
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