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JO de Tokyo 2021 : une athlète biélorusse dit avoir été contrainte par sa fédération de renoncer aux Jeux

Krystsina Tsimanouskaïa, 24 ans, avait affirmé un peu plus tôt avoir été forcée à suspendre sa participation aux Jeux olympiques de Tokyo par le sélectionneur de l’équipe biélorusse. MARTIN MEISSNER / AP

L’athlète biélorusse Krystsina Tsimanouskaïa s’est dite « en sécurité » dimanche 1er août après s’être dite contrainte de renoncer à participer aux Jeux olympiques de Tokyo et menacée d’un départ forcé du Japon pour avoir critiqué sa fédération sur les réseaux sociaux.

Cet incident s’inscrit dans la politique de répression menée par le régime du président biélorusse, Alexandre Loukachenko. Opposants, journalistes et militants sont visés, avec pour objectif de mater définitivement le mouvement de contestation historique de 2020 déclenché par la réélection du chef de l’Etat biélorusse pour un cinquième mandat.

« Je suis en sécurité et on est en train de décider où je vais passer cette nuit », a déclaré l’athlète dans un communiqué publié sur la messagerie Telegram peu après 17 heures par la Fondation biélorusse de solidarité sportive, en précisant qu’elle se trouvait dans un poste de police à l’aéroport international Haneda, à Tokyo. « Le CIO [le Comité international olympique] et Tokyo-2020 [le comité d’organisation des JO] ont parlé directement à Krystsina Tsymanouskaïa ce soir. Elle est avec les autorités à l’aéroport Haneda et elle est accompagnée par un membre de l’équipe de Tokyo-2020. Elle nous a dit qu’elle se sentait en sécurité », a confirmé sur Twitter le CIO.

Victime de pressions

Krystsina Tsimanouskaïa, 24 ans, avait affirmé un peu plus tôt avoir été forcée à renoncer à participer aux Jeux olympiques de Tokyo par le sélectionneur de l’équipe biélorusse, Iouri Moïseïevitch, avant d’être accompagnée à l’aéroport par des responsables du comité olympique national biélorusse en vue de la renvoyer dans son pays.

L’athlète a violemment critiqué cette semaine la Fédération biélorusse d’athlétisme, en affirmant avoir été forcée à participer au relais 4 × 400 mètres, alors qu’elle était censée initialement courir le 100 mètres et le 200 mètres, car deux autres athlètes n’avaient pas réalisé un nombre suffisant de contrôles antidopage, selon elle.

« Pourquoi nous devons payer pour vos erreurs ? (…) C’est de l’arbitraire », s’était-elle insurgée dans un post sur Instagram. « Je n’aurais jamais réagi de manière si sévère si on m’avait dit à l’avance, expliqué toute la situation et demandé si j’étais capable de courir un 400 mètres. Mais on a décidé de tout faire dans mon dos », avait-elle écrit dans une publication séparée.

« On m’a dit qu’il fallait que je parte pour que tout le monde soit tranquille et poursuive la compétition », a-t-elle affirmé dimanche 1er août dans une interview au média en ligne by.tribuna.com. « Je demande au Comité international olympique de m’aider, j’ai subi des pressions et on essaye de me faire partir du pays sans mon accord », a lancé l’athlète biélorusse dans une vidéo sur Instagram, en insistant pour que « le CIO intervienne ». Elle a dit ne pas avoir peur d’être exclue de l’équipe nationale. « J’ai peur qu’on puisse me mettre en prison [en Biélorussie] », a-t-elle déclaré.

Le CIO étudie la situation

La Fondation biélorusse de solidarité sportive, qui a révélé cette affaire dimanche, a fait savoir de son côté qu’elle avait sollicité la police japonaise pour empêcher ce départ. La Fondation a assuré ensuite que la jeune femme avait été placée sous protection policière et qu’un représentant du ministère des affaires étrangères japonais se rendrait à l’aéroport pour la rencontrer. « Le CIO a vu les articles dans les médias, étudie la situation et a demandé des explications au comité national olympique biélorusse », a déclaré à l’AFP un porte-parole du CIO.

Selon le comité olympique biélorusse, dirigé par Viktor Loukachenko, fils du président Alexandre Loukachenko, la sportive a dû suspendre sa participation aux JO sur « décision des médecins, en raison de son état émotionnel et psychologique ». Une déclaration qualifiée aussitôt de « mensonge » par l’athlète devant la presse à l’aéroport.

Le mouvement de contestation de 2020 en Biélorussie, qui a rassemblé pendant des mois des dizaines de milliers de manifestants, parmi lesquels des sportifs connus, avait été maîtrisé à force d’arrestations massives, parfois de torture, et d’exil forcé pour ses meneurs.

En mai, les autorités biélorusses avaient arrêté un journaliste d’opposition en exil, Roman Protassevitch, en détournant l’avion de ligne à bord duquel il se trouvait, suscitant l’indignation à l’international.

Le Monde avec AFP

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