Les Etats-Unis ont sanctionné vendredi 30 juillet deux hauts responsables de la police cubaine, ainsi que l’ensemble de la police nationale révolutionnaire, pour leur participation à la répression des récentes manifestations contre le gouvernement cubain, a annoncé le département du Trésor.
« Le Trésor continuera de sanctionner et d’identifier par leurs noms ceux qui facilitent les graves violations des droits humains du régime cubain », a noté la directrice de la principale unité du Trésor chargée des sanctions, Andrea Gacki. « Les mesures prises aujourd’hui sont destinées à faire rendre des comptes à ceux qui sont responsables de la répression des appels du peuple cubain à la liberté et au respect des droits humains », a-t-elle ajouté.
Le directeur de la police nationale révolutionnaire cubaine, Oscar Callejas Valcarce, et son directeur adjoint Eddy Sierra Arias, qui sont accusés de « graves violations des droits humains », sont désormais ajoutés à la liste noire des Etats-Unis. Leurs éventuels avoirs seront gelés et l’accès au système financier américain leur est dorénavant barré.
Sous pression sur ce sujet politiquement brûlant, et interrogé sur des sanctions supplémentaires, Joe Biden a répondu, en marge d’une réunion à la Maison Blanche avec des représentants des Américains d’origine cubaine : « Il y en aura d’autres, à moins d’un changement drastique à Cuba, ce que je n’attends pas. »
Cuba, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Bruno Rodriguez Parrilla, a dans la foulée rejeté « fermement » l’inclusion de la PNR et de ses deux responsables sur des listes jugées « fallacieuses ». « Ces mesures arbitraires s’ajoutent à la désinformation et à l’agression pour justifier un blocus inhumain contre Cuba », a écrit le ministre sur Twitter, en référence à l’embargo de Washington envers l’île depuis 1962.
Un impact limité des sanctions
Les 11 et 12 juillet, des milliers de Cubains avaient manifesté aux cris de « Nous avons faim » ou « A bas la dictature ». A l’issue de ces manifestations, les plus importantes depuis la révolution qui a porté Fidel Castro au pouvoir en 1959, une centaine de personnes ont été arrêtées, selon diverses organisations de l’opposition.
Washington avait immédiatement condamné fermement cette répression et apporté son soutien aux manifestants, promettant d’aider les Cubains. Mais Joe Biden s’est trouvé sous une pression croissante de la part du Congrès et de l’importante communauté des Américains d’origine cubaine pour prendre des mesures plus concrètes.
Le Trésor avait ainsi annoncé, le 22 juillet, une première série de sanctions financières ciblées contre le ministre cubain de la défense, Alvaro Lopez Miera, et les « bérets noirs », une unité spéciale du ministère de l’intérieur déployée lors des manifestations.
Mais l’impact de ces sanctions, qui viennent s’ajouter à celles, beaucoup plus générales, qui visent déjà l’île des Caraïbes depuis des décennies, est très limité, d’autant que le ministère de l’intérieur dans sa globalité était déjà sur la liste noire américaine.
Joe Biden peine à rallier les Républicains
« Nous entendons vos voix. Nous entendons les appels à la liberté », a dit vendredi le président américain, condamnant une nouvelle fois « le régime communiste [de Cuba] qui a échoué », rappelant que d’autres mesures de soutien étaient à l’étude, notamment la garantie d’un accès libre à Internet dans l’île.
Washington veut aussi faire en sorte que les transferts d’argent envoyé par la communauté cubaine à l’étranger, qui, selon les Américains, sont détournés en partie par les militaires cubains, arrivent bien à destination. Mais le président démocrate, si volontiers rassembleur, a peu de chances de rallier derrière lui les Républicains.
Ces derniers, intimement associés depuis longtemps à la critique virulente du régime communiste, ne cessent de rappeler à Joe Biden que Barack Obama, sous la présidence duquel il était vice-président, avait tenté une politique d’ouverture avec La Havane. « Les démocrates sont faibles sur Cuba, eux qui ont propagé les mensonges de la propagande anti-américaine du régime communiste. Le manque de fermeté de Biden est une honte », a ainsi commenté vendredi dans un communiqué le Comité national républicain.
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