Il avait promis de lâcher une « bombe ». Pour la première fois dans son traditionnel direct hebdomadaire, ce jeudi 29 juillet, Jair Bolsonaro avait même convié la presse. Attablé à 19 heures dans la bibliothèque du palais de l’Aube à Brasilia, entouré de ministres et de familiers, le président du Brésil affichait un air grave, à l’image du thème de la soirée : rien de moins que la présentation de preuves de supposées fraudes électorales commises lors des derniers scrutins suprêmes.
Mais la « bombe » s’est vite transformée en pétard mouillé. « Il n’y a aucun moyen de prouver si les élections ont été ou non truquées », a admis M. Bolsonaro. Durant deux heures, le chef de l’Etat s’est pourtant laborieusement employé à exposer ses thèses, prétendant entre autres avoir en réalité remporté dès le premier tour la présidentielle de 2018 (gagnée au second avec 55 % des voix). Au cœur des accusations : le système de vote électronique. En place au Brésil depuis vingt ans, il est suspecté par Bolsonaro d’encourager la fraude électorale.
Dans l’un de ces shows baroques dont il est coutumier, Jair Bolsonaro a donc dévoilé une succession confuse de graphiques et vidéos anciennes, amateurs, voire complotistes, censés démontrer les faiblesses du système. Parmi les sources citées par président, on trouve ainsi entre autres un astrologue farfelu, spécialisé dans l’acupuncture sur arbre… Autant d’« indices », présentés sous l’œil approbateur d’un mystérieux « analyste en renseignement », nommé par son seul prénom d’« Eduardo » (en réalité, un simple colonel de réserve de l’armée…).
« Spectacle d’horreur et de mensonge », d’un président « gamin », « ridicule », « stupide », « scélérat », « putschiste » et « pathétique »… les commentateurs, opposants (et même quelques alliés) n’ont pas mâché leurs mots dans la presse face au très décapant direct de Jair Bolsonaro. Autant de réactions prévisibles (sinon recherchées) par le chef de l’Etat. En s’en prenant au vote électronique, ce dernier s’est en effet délibérément attaqué à une fierté nationale.
Mis en place graduellement à partir de 1996, le vote par urne électronique n’a jamais entraîné la moindre fraude. Il permet au contraire la divulgation de résultats fiables et ultrarapides : une performance de taille dans ce pays-continent. La « plus grande élection informatisée de la planète », avec 400 000 urnes et près de 150 millions d’électeurs, dispose par ailleurs d’un système hautement sécurisé, sur lequel veillent pas moins de quinze institutions étatiques.
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