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Factuel« L’autre Japon » (5/6). Bien que le sujet prenne de l’importance au sein du débat public, les avancées sur l’égalité hommes-femmes sont minces dans l’Archipel.
« Au début, les gens disaient que c’était un métier d’homme, interdit aux femmes. » La très conservatrice voie du saké n’a pas été simple à emprunter pour Hanako Kudo, devenue en 2002 première femme toji (responsable de la production) de la préfecture d’Akita, dans le nord du Japon.
La souriante quadragénaire exerce au sein de la maison familiale Maizuru, créée en 1918 par son aïeul. Derrière les murs blancs de son kura (littéralement « grenier », surnom donné aux maisons produisant des alcools) – dont une partie s’est effondrée en 2008 sous le poids de la neige –, sortent chaque année 9 000 litres d’un saké né d’un riz produit localement et d’une eau issue de la fonte des neiges des monts Ôu qui dominent, à l’est, la vallée de Yokote.
Des articles parus dans différents journaux japonais sur Hanako Kudo, première femme toji, à Yokote, dans la province d’Akita, le 8 juillet 2021. HIROSHI OKAMOTO POUR « LE MONDE »
Au fil de sa carrière, Mme Kudo a réformé la production pour l’adapter aux goûts de l’époque – des alcools plus complexes, à l’acidité maîtrisée. « Ce métier est extrêmement dur. Il faut avoir la passion », affirme-t-elle. Elle s’est imposée « par le travail » et avec l’appui de son père : Mikio Kudo a poussé cette passionnée de microbiologie qui, jeune, ne pensait pas faire ce métier, à étudier la production du saké à l’université d’agriculture de Tokyo. « C’était naturel, car c’est ma fille. Aujourd’hui, les femmes sont de plus en plus nombreuses dans la production de saké. Leur nombre va augmenter. »
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Les portes des kura ne font pourtant que s’entrouvrir à la gent féminine. Seuls 16 des 694 toji de la Fédération des associations de maisons de saké étaient des femmes en 2018. « C’est incroyable, quand on pense qu’autrefois, c’étaient les femmes qui faisaient le saké », ironise Mme Kudo. Il semble en effet que durant l’ère Yayoi (de – 300 à 300), les jeunes femmes des sanctuaires shinto de la province d’Osumi (Sud-Ouest) mâchaient les boulettes de riz cuit, les imprégnant d’enzymes, avant de les recracher pour les laisser fermenter.
« Le problème est loin d’être résolu »
Le monde du saké n’est en rien une exception au Japon : la troisième économie de la planète est classée 120e sur 156 par le Forum économique mondial en matière d’égalité entre les hommes et les femmes. Une situation choquante au moment où se tiennent les Jeux olympiques de Tokyo, qui se veulent un modèle sur ce plan – près de 49 % des athlètes qui y participent sont des femmes, une proportion en progression constante.
« Les Japonaises sont toujours soumises à un plafond de verre extrêmement bas : peu de postes de direction pour les femmes dans les entreprises ; peu de parlementaires femmes ; trop de silence sur les crimes sexuels. Le problème est loin d’être résolu », déplore la dynamique Yuka Okamoto, éditrice et directrice des expositions « Non-liberté d’expression », qui s’attaquent aux tabous de l’histoire japonaise.
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