L’économie française a renoué avec la croissance au deuxième trimestre, avec une hausse de 0,9% du produit intérieur brut (PIB), de bon augure pour atteindre les 6% de croissance visés par le gouvernement cette année malgré les inquiétudes suscitées par la quatrième vague de l’épidémie.
Au printemps, l’économie a d’abord été freinée par le troisième confinement mais l’activité s’est nettement reprise avec la levée progressive des restrictions sanitaires à partir de la mi-mai.
Cette première estimation publiée vendredi par l’Insee est légèrement supérieure au +0,7% que l’Institut de la statistique anticipait. La Banque de France tablait elle sur un rebond de 1%.
La France signe la plus faible croissance des grands pays de la zone euro, l’Allemagne ayant progressé de 1,5%, l’Espagne de 2,8% et l’Italie de 2,7%. Mais l’économie française n’avait pas fléchi comme ses voisines au premier trimestre (+0%, selon une nouvelle estimation de l’Insee, contre -2,1% en Allemagne par exemple).
Par ailleurs, le PIB français « se rapproche de son niveau d’avant-crise », a souligné l’Institut national de la statistique, puisqu’il n’est plus inférieur que de 3,3% à son niveau du quatrième trimestre 2019.
« C’est une performance exceptionnelle de l’économie française », s’est félicité le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, sur France inter.
Cela renforce ainsi la prévision de l’Insee, comme du gouvernement, de voir la croissance atteindre 6% cette année, une des plus élevées de la zone euro, et l’économie française retrouver quasiment son niveau d’avant-crise dès la fin 2021, après une récession record de 8% l’an dernier.
La France « a encore quelques points de retard (par rapport à l’avant-crise) mais on va plus vite que prévu et ça va nous permettre d’engager maintenant rapidement le troisième temps de notre stratégie économique », avec le futur plan d’investissement, a insisté Bruno Le Maire.
– Enjeu: maîtriser l’épidémie –
L’Insee ne se prononce pas à ce stade sur l’impact potentiel de la quatrième vague de l’épidémie que connaît la France cet été.
Mais début juillet, il avait considéré que même en cas de résurgence de l’épidémie, le déploiement de la vaccination pourrait empêcher l’imposition de restrictions trop contraignantes pour l’économie.
C’est aussi ce que soutient le gouvernement, Bruno Le Maire ayant estimé dans une récente interview au Journal du dimanche que « le pass sanitaire ne devrait pas affecter le chiffre d’affaires des secteurs concernés », qui continuent d’être aidés par le fonds de solidarité cet été en cas de besoin.
Une réunion est toutefois prévue le 30 août avec les professionnels de la culture, du tourisme, etc, pour faire le point sur d’éventuelles pertes d’activité cet été.
– « Revanche des services » –
En attendant, au deuxième trimestre, la consommation a accéléré (+0,9% après +0,2% au premier trimestre), en particulier pour les services d’hébergement-restauration et de transports, du fait de la réouverture des bars et restaurants et de la reprise des déplacements.
La consommation reste toutefois « nettement en deçà de son niveau d’avant-crise », précise l’Insee, les fermetures de commerces dits non essentiels ayant fait reculer les achats de biens fabriqués.
« C’est la revanche des services », quand l’industrie montre des signes plus contrastés, constate Selin Ozyurt, économiste chez l’assureur crédit Euler Hermes.
L’investissement a aussi fortement accéléré (+1,1% après +0,4%), dépassant ainsi « largement » son niveau d’avant-crise, un élément encourageant sur la poursuite de la reprise.
« Il y a clairement un rebond de l’investissement des ménages, en lien avec l’accélération dans la construction, et de celui des administrations publiques, sans doute du fait de la mise en oeuvre du plan de relance », détaille Emmanuel Jessua, économiste à l’Institut Rexecode.
En revanche, « il y a plutôt un ralentissement de l’investissement des entreprises et carrément une baisse de l’investissement dans l’industrie manufacturière », nuance-t-il.
Du côté de l’activité, les services marchands ont fortement accéléré, en particulier dans l’hôtellerie-restauration. La production de biens a rebondi, tandis que la construction poursuit son redressement.
Mais le rattrapage de l’industrie manufacturière est « plus modéré », constate l’Insee.
« C’est peut-être lié aux problèmes de chaines de valeur, de fret maritime, qui ont finalement pesé sur notre industrie », estime Selin Ozyurt, citant notamment les pénuries de matières premières.
Le commerce extérieur a lui continué de peser sur la croissance, les importations progressant toujours plus vite que les exportations.
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