L’Afrique face au Covid-19 : les livraisons de vaccins vers le continent s’accélèrent
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Les expéditions de vaccin relancées
« Près de 4 millions de doses du mécanisme Covax [qui vise à garantir l’accès des pays les plus pauvres aux vaccins] sont arrivées en Afrique la semaine dernière, en comparaison avec tout juste 245 000 doses envoyées par le mécanisme au cours du mois de juin », a déclaré la docteure Matshidiso Moeti, directrice du bureau africain de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), jeudi 29 juillet.
Mais la route est encore longue, car « l’Afrique a pris beaucoup de retard par rapport au reste du monde en matière de vaccination ». Quelque 21 millions d’Africains, soit à peine 1,6 % de la population du continent, sont actuellement vaccinés.
Dans un centre de vaccination pour personnes âgées à Munsieville, à l’ouest de Johannesburg, le 17 mai 2021. SIPHIWE SIBEKO / REUTERS
L’OMS est encore loin de son objectif d’au moins 30 % d’Africains vaccinés d’ici à la fin de l’année. La progression du variant Delta, détecté dans vingt-six pays, complique la donne. « Nous pourrions avoir besoin de plus de vaccins que ce que nous avions initialement prévu », a averti le docteur John Nkengasong, directeur du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique). Pour l’heure, seuls 15 % des quelque 520 millions de doses que Covax a prévu d’expédier sur le continent d’ici à fin 2021 ont été envoyées.
Flambée des cas en Algérie
Des hommes en blouses blanches se jetant sur des bonbonnes d’oxygène à l’entrée d’un hôpital : les images qui ont circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux témoignent de l’ampleur du chaos sanitaire qui règne en Algérie. Le pays le plus peuplé du Maghreb est submergé par une troisième vague meurtrière. Le record quotidien d’infections a été battu mercredi, avec 1 927 cas positifs au Covid-19, pour 49 décès – des chiffres officiels bien en deçà de la réalité estiment pourtant les spécialistes.
Face à l’afflux de malades dans les hôpitaux, les ressources en oxygène s’épuisent. Des ruptures de stocks ont été signalées dans plusieurs établissements et le personnel médical met en garde contre « l’insouciance » voire « l’inconscience » de la population et des autorités vis-à-vis des risques liés à la pandémie de SARS-CoV-2.
Le 25 juillet, les autorités ont tout de même étendu le couvre-feu dans 35 wilayas (préfectures) sur les 58 que compte le pays. Mais face à la progression du variant Delta, bien plus contagieux, tous craignent une aggravation de l’épidémie dans les prochains jours. Selon l’Institut Pasteur d’Algérie, ce variant représentait déjà au 15 juillet plus de 70 % des cas de Covid-19 recensés et il pourrait, dans les semaines à venir, dépasser les 90 %.
C’est le pourcentage d’Ouest-Africains croyant que seuls les malades du Covid-19 peuvent transmettre le virus, selon une enquête socioanthropologique sur les perceptions de la pandémie réalisée fin 2020 dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest. Au Burkina Faso, Cap-Vert, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau et Sierra Leone, 2 000 personnes ont été interrogées dans le cadre de cette étude commandée par l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS) et publiée fin juillet dans la revue Médecine tropicale et santé internationale (MSTI).
On y apprend que, pour les sondés, « les œufs, les animaux sauvages et domestiques, les poissons, la viande et les moustiques sont considérés comme davantage à risque pour le Covid-19 que des individus asymptomatiques ». Pourtant, l’OMS estime que 80 % des infections à ce virus en Afrique subsaharienne ont été transmises par des personnes ne présentant aucun symptôme.
Lors d’une campagne de prévention dans un centre de vaccination mobile au marché d’Adjamé, à Abidjan, le 5 juillet 2021. LUC GNAGO / REUTERS
Cette conviction partagée contribue, selon l’enquête, à expliquer « les raisons de la mauvaise adhésion aux mesures de prévention contre le Covid-19 » dans la sous-région. A Abidjan, Ouagadougou comme Praia, les gestes barrières ne sont que partiellement respectés. Et ce, malgré des messages de sensibilisation relatifs au port du masque, au respect de la distanciation sociale et au lavage de mains qui, toujours selon cette étude, sont entendus et compris par la plupart des citoyens. Près de neuf sondés sur dix disent en effet en avoir eu connaissance et avoir trouvé ces conseils utiles pour juguler la propagation du virus.
Ce qui n’empêche pas les personnes interrogées de considérer d’autres remèdes comme plus efficaces que ces gestes barrières. 55 % des sondés pensent en effet que le climat chaud africain est le premier facteur de protection contre le Covid-19, devant un traitement de médecine moderne (53,4 %) et la prière (46 %).
L’Afrique du Sud relève la tête
Le pays africain le plus atteint par la pandémie, qui représente plus d’un tiers du total des infections au coronavirus et 40 % des décès liés à la maladie sur le continent (70 338 morts au 28 juillet),sort enfin la tête de l’eau. « Nous avons largement passé le pic de la troisième vague de contaminations », a assuré le président Cyril Ramaphosa dans un discours télévisé dimanche 25 juillet.
Avec moins de 64 000 nouveaux cas enregistrés la semaine dernière, l’Afrique du Sud apparaît désormais, selon le CDC, comme un « champion » de la lutte anti Covid-19. 10 % des Sud-Africains ont déjà reçu au moins une dose de vaccin.
La campagne de vaccination devrait encore s’accélérer dans les prochaines semaines. Lundi, l’entreprise sud-africaine Aspen, la plus importante firme pharmaceutique du continent, a annoncé la livraison de son premier lot de vaccins fabriqués localement. « Ce sont les premiers vaccins Covid-19 produits sur le continent africain, par une firme africaine pour des patients africains », s’est félicité Aspen.
Face à la baisse du nombre de contaminations au Covid-19, les autorités ont levé une partie des restrictions imposées à la population. Les Sud-Africains retrouvent notamment leur liberté de déplacement d’une province à l’autre, pour leurs loisirs.
L’Erythrée, dernier de la classe
Le petit pays d’Afrique de l’Est est le dernier Etat du continent à se montrer encore réfractaire à la vaccination au Covid-19. « Nous continuons d’espérer que la situation va changer », a souligné le docteur John Nkengasong, du CDC, jeudi. La Tanzanie et le Burundi, qui figuraient jusqu’ici, eux aussi, parmi les mauvais élèves en matière de vaccination en Afrique ont récemment revu leurs positions. Le Burundi a accepté mardi l’offre de la Banque mondiale de lui fournir des vaccins. Le lendemain, la Tanzanie injectait ses premières doses. Mieux vaut tard que jamais.
Morgane Le Cam
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