Après de longues tractations politiques, un grand plan de rénovation et de développement des infrastructures cher au président Joe Biden a été mis sur les rails mercredi, avec pour ambition d’assurer à l’Amérique des décennies de prospérité.
Ce n’est rien de moins qu’un programme d’investissements « comme on n’en voit qu’une fois par génération » qui a trouvé l’accord à la fois des sénateurs démocrates et d’une poignée d’élus de l’opposition républicaine, a annoncé la Maison Blanche.
Le processus législatif à proprement parler pourrait débuter dès mercredi soir avec un vote de procédure.
Ce grand plan prévoit 550 milliards de dollars d’argent fédéral frais et atteint les 1.200 milliards de dollars – l’équivalent du Produit intérieur brut 2020 de l’Espagne – si l’on prend en compte la réorientation d’autres financements publics existants.
Ce montant pharaonique doit « créer des emplois bien rémunérés et syndiqués, répondre à la crise climatique, rendre l’économie (américaine) plus durable et plus juste pour les décennies à venir », selon un communiqué de la Maison Blanche.
L’administration annonce des investissements « historiques » dans les transports en commun, les routes, les ponts, l’eau potable, l’internet à haut débit…
Le tout financé par la réorientation de certains financements d’urgence, par des contributions ciblées des entreprises, par une taxation plus efficace des cryptomonnaies et par d’ »autres mesures » soutenues par les deux partis. En plus des revenus fiscaux que doit générer le sucroît d’activité économique que Washington promet.
« Cet accord montre au monde que notre démocratie fonctionne, produit des résultats et fait de grandes choses », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, faisant l’article d’un programme qui peut « transformer l’Amérique et nous propulser dans l’avenir ».
Le président américain Joe Biden prononce un discours dans une usine de camions à Macungie (Pennsylvanie) le 28 juillet 2021 (AFP – SAUL LOEB)
Le président, qui voudrait dans un second temps faire passer un gigantesque programme de 3.500 milliards de dollars de dépenses sociales, a aussi fait avancer mercredi un autre sujet qui lui est cher: le patriotisme économique.
– « Buy American » –
En visite dans une usine de camions en Pennsylvanie, le président a promis que les entreprises américaines seraient mieux loties en termes de commande publique.
« Les dernières années, +Buy American+ (Acheter Américain) était devenu une promesse vide. Mais mon administration va en faire une réalité », a-t-il dit, applaudi par une centaine de personnes enthousiastes, avec pour arrière-plan des camions rutilants.
Difficile de ne pas y voir une pique à son prédécesseur Donald Trump, qui n’avait de cesse de promouvoir le patriotisme économique et le protectionnisme.
Concrètement, ce que prévoit l’équipe de Joe Biden est assez technique.
La Maison Blanche va dépoussiérer une loi de 1933, qui exige que tous les produits achetés par l’administration fédérale soient fabriqués « de manière substantielle » aux Etats-Unis, c’est-à-dire que 55% de la valeur de leurs composants ait été créée sur le sol américain.
Washington veut porter cette proportion à 60% dans l’immédiat, puis à 75% plus tard, pour éviter que l’argent public n’aille à des biens fabriqués pour bonne partie à l’étranger.
Autre mesure: mettre en place un barème de prix préférentiels pour certains produits et composants jugés stratégiques, et produits aux Etats-Unis. Le but étant d’éviter à l’avenir des pénuries de biens importés aussi importants que des équipements médicaux ou des composants informatiques.
L’administration fédérale américaine indique dépenser chaque année 600 milliards de dollars en achats de biens et services, dont la moitié environ pour des produits manufacturés.
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