Publié le : 28/07/2021 – 22:24
Pedro Castillo a officiellement été investi, mercredi, comme président du Pérou. L’ancien syndicaliste de 51 ans, élu sous les couleurs de la gauche radicale, a promis un pays « sans corruption » et l’adoption d’une nouvelle Constitution.
Il est officiellement le nouveau président du Pérou. L’ancien instituteur Pedro Castillo a prêté serment mercredi 28 juillet, disant souhaiter mettre fin à la corruption dans le pays et lancer un processus pour une nouvelle Constitution.
« Je jure devant Dieu, devant ma famille, les paysans, les peuples indigènes (…), les pêcheurs, les médecins, les enfants, les adolescents que j’exercerai ma charge de président de la République », a déclaré le nouveau président de gauche devant le Parlement. « Je jure devant les peuples du Pérou, pour un pays sans corruption et pour une nouvelle Constitution », a-t-il ajouté, vêtu d’un costume andin noir et arborant son désormais célèbre chapeau blanc.
Pedro Castillo a ensuite reçu son écharpe bicolore des mains de la nouvelle présidente du Parlement, l’opposante centriste Maria del Carmen Alva.
La prestation de serment du nouveau président de gauche a lieu le jour où le pays andin de 33 millions d’habitants célèbre le bicentenaire de son indépendance. Des festivités sont programmées jusqu’à vendredi. Le roi Felipe VI d’Espagne, six présidents de la région, le secrétaire d’État américain à l’Éducation, Miguel Cardona, et l’ex-dirigeant bolivien Evo Morales étaient présents à la cérémonie.
« Le défi le plus grand de Pedro Castillo va être de ne pas décevoir les gens qui ont besoin de réponses rapides car ils n’ont plus d’emploi, ont faim ou risquent leur vie en raison du Covid-19 », a souligné auprès de l’AFP l’analyste Hugo Otero.
Le Pérou a été dramatiquement touché par l’épidémie de Covid-19, avec plus de 195 000 morts, soit le plus haut taux de mortalité au monde par rapport à la population. De longs mois de confinement en 2020 ont causé la perte de deux millions d’emplois et une chute du produit intérieur brut (PIB) en 2020 de 11,12 %.
« Ce pays va être gouverné par un paysan »
L’ancien syndicaliste de 51 ans, qui a fait toute sa carrière dans une école rurale du nord du pays, n’a été proclamé officiellement vainqueur du second tour de la présidentielle du 6 juin qu’il y a dix jours. La multiplication des recours par son adversaire, la candidate de la droite populiste Keiko Fujimori, dans ce scrutin particulièrement serré, avait retardé de plusieurs semaines la proclamation des résultats.
« C’est la première fois que ce pays va être gouverné par un paysan », a également déclaré Pedro Castillo lors de son premier discours comme chef de l’État.
« Pendant la campagne électorale, on a dit que nous allions exproprier. C’est totalement faux. Nous voulons que l’économie soit en ordre », a-t-il poursuivi, dans une nouvelle tentative de rassurer les milieux d’affaires, qui redoutent un éventuel virage radical à gauche dans ce pays marqué par 25 ans de politiques économiques ultralibérales.
Vendredi, Pedro Castillo avait déjà exclu toute velléité de copier des « modèles » étrangers, insistant sur le fait qu’il n’était ni « chaviste », ni « communiste », en référence aux pouvoirs en place à Caracas et à La Havane.
Lundi, Pedro Castillo a d’ailleurs reçu un appel du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, qui lui a adressé ses félicitations et lui a dit attendre de lui « un rôle constructif » concernant les relations avec le Venezuela, Cuba et le Nicaragua.
Une marge de manœuvre limitée
La marge de manœuvre du futur président reste un défi, après une campagne polarisée entre deux extrêmes et un quinquennat marqué par une forte instabilité institutionnelle qui a vu trois présidents se succéder en une semaine fin 2020.
« Pedro Castillo doit se positionner rapidement comme le président de tous les Péruviens et non comme celui de la moitié de la population », estime auprès de l’AFP la politologue Jessica Smith.
Il y a une semaine, ce novice en politique, qui devrait annoncer rapidement les noms des membres de son gouvernement, avait lancé un appel à toutes les bonnes volontés. « Nous lançons un appel à tous les spécialistes, les personnes les plus qualifiées et les plus engagées pour le pays » à rejoindre l’équipe du nouveau gouvernement, avait-il déclaré.
Le nouveau président va devoir travailler avec un Parlement fragmenté, où pas moins de dix partis sont représentés. Son parti Pérou Libre détient le plus de sièges (37), mais sans la majorité absolue, et celui de son adversaire, Fuerza Popular, 24.
Avec AFP
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