A quelques jours de la fin de son mandat, le haut représentant international en Bosnie-Herzégovine, l’Autrichien Valentin Inzko, a pris, le 23 juillet, la décision historique d’interdire la négation du génocide de Srebrenica, commis pendant le conflit qui a déchiré ce pays des Balkans entre 1992 et 1995. En vertu des pouvoirs législatifs spéciaux qui lui sont accordés depuis les accords de Dayton, signés en 1995, le diplomate a introduit des amendements au code pénal bosnien pour punir de six mois à cinq ans de prison les personnes qui « approuvent publiquement, nient, minimisent grossièrement ou tentent de justifier le crime de génocide, le crime contre l’humanité et le crime de guerre ».
« A un moment où l’on observe une escalade de la glorification des criminels de guerre, il était nécessaire de faire quelque chose », justifie, dans un entretien au Monde, M. Inzko, 72 ans, qui s’apprête à prendre sa retraite samedi 31 juillet, après plus de douze ans à la tête de cette institution internationale qui supervise la Bosnie-Herzégovine depuis la fin de la guerre. « J’aurais préféré une solution locale, mais cela a échoué quatre ou cinq fois au Parlement », dénonce-t-il pour justifier l’usage de ses pouvoirs législatifs spéciaux pour la première fois depuis dix ans dans ce pays toujours profondément divisé entre Serbes, Croates et Bosniaques.
Colère des Serbes de Bosnie
Les amendements sont entrés en vigueur, mercredi 28 juillet. En théorie, la loi ne s’applique pas spécifiquement au génocide de Srebrenica, durant lequel 8 000 hommes et adolescents musulmans ont été massacrés par les forces serbes. Mais il est évident que les discours négationnistes serbes, de plus en plus répandus ces dernières années, en Bosnie sont la principale cible du texte.
« J’ai attendu le verdict final dans le dossier de Radovan Karadzic et de Ratko Mladic [respectivement ex-président et ex-chef militaire des Serbes de Bosnie, condamnés en appel en 2019 et 2020 pour génocide par la justice internationale] avant d’agir », explique M. Inzko, qui évoque aussi les décorations dont profitent toujours les deux hommes malgré leur condamnation.
Les amendements législatifs du tuteur international ont, par ailleurs, déclenché la colère des Serbes de Bosnie. Depuis Banja Luka, la capitale de leur entité, où MM. Mladic et Karadzic sont toujours ouvertement glorifiés, l’ensemble des chefs de partis politiques serbes ont annoncé, lundi, leur volonté de boycotter les institutions nationales, installées, elles, à Sarajevo. Le représentant des Serbes dans la présidence tournante, le nationaliste Milorad Dodik, a lancé une pétition et même brandi sa menace favorite, celle de « dissoudre » la Bosnie. Ce responsable politique qui avait, pourtant, reconnu la réalité du génocide il y a une dizaine d’années ne cesse désormais de nier son existence.
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