Le grand projet de réforme d’EDF ne pourra pas aboutir avant la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron l’an prochain, faute d’accord avec la Commission européenne dans ce dossier qui suscitait de fortes oppositions politiques et syndicales en France.
« A ce stade, les discussions n’ont pas abouti » avec Bruxelles et « il n’est pas envisageable d’avoir un projet de loi au Parlement dans l’immédiat », a expliqué une source gouvernementale à l’AFP.
Le projet ne pourra donc pas aboutir à temps, avant le début de la prochaine campagne présidentielle, a-t-elle reconnu.
Ce projet complexe de réorganisation – d’abord baptisé « Hercule » puis « Grand EDF » – était combattu par les syndicats de l’électricien qui y voyaient un risque de démantèlement, tout comme par un large spectre de l’opposition (LFI, PCF, PS, LR).
Début juillet, syndicats unis et parlementaires avaient redit leur opposition à la « désintégration » d’EDF.
Aux yeux de l’exécutif, l’idée était de permettre à EDF, lourdement endettée, de pouvoir investir dans les renouvelables tout en rénovant son parc nucléaire.
Le prix de vente de l’électricité nucléaire d’EDF à ses concurrents devait notamment être relevé.
Un accord avec Bruxelles, gardien de la concurrence en Europe, était toutefois nécessaire. Un accord global avec la Commission aurait en outre permis de régler un vieux différend sur les barrages hydroélectriques.
Mais Paris et Bruxelles s’opposaient notamment sur le degré de séparation entre les trois différentes entités d’EDF qui auraient été créées avec la réforme.
La France souhaitait que son champion reste « intégré » tandis que les services de la concurrence à la Commission souhaitaient une séparation plus étanche.
Le ministre de l’économie Bruno Le Maire avait qualifié l’unité d’EDF de « ligne rouge absolue du gouvernement français ».
Le PDG d’EDF Jean-Bernard Lévy avait récemment évoqué des discussions « difficiles » entre Paris et Bruxelles.
« Il y a eu des progrès mais il n’y a pas d’accord global » alors que « ça fait plus de deux ans qu’on travaille pour qu’EDF soit à la hauteur des enjeux de transition énergétique », estime-t-on au gouvernement français.
Or l’exécutif n’a pas souhaité une réforme « tronquée » ou « précipitée ».
« Le dossier est mis au frigo », a confirmé une source proche du dossier à Bruxelles.
« C’est un choix politique de la France de faire passer la réforme après l’élection présidentielle », a déclaré une deuxième source auprès de l’AFP.
« On est toujours convaincu de la nécessité de faire cette réforme », ajoute-t-on du côté du gouvernement français. « On n’a pas abandonné les travaux », insiste-t-on.
EDF, contacté par l’AFP, n’a pas souhaité faire de commentaire dans l’immédiat. Le groupe, détenu majoritairement par l’Etat français, doit publier ses résultats financiers jeudi matin.
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