Leur voix s’est brisée plusieurs fois. Devant la commission d’enquête de la Chambre des représentants sur l’émeute du 6 janvier au Capitole, réunie le 27 juillet à Washington, les quatre policiers appelés à témoigner ont décrit en détail la violence avec laquelle ils ont été attaqués par une horde d’extrémistes cherchant à renverser le résultat de l’élection présidentielle de novembre 2020. Les coups de barres de fer, de taser, les jets de produits chimiques, les insultes racistes. Les menaces : « Prends son arme et tue-le ! »
Pour la première audition de la commission, les démocrates avaient choisi de mettre en scène ceux qui se sont trouvés en première ligne, dépassés par le nombre (plus d’un millier d’assaillants contre 450 policiers), écrasés en tentant de défendre les entrées du Capitole, réduits à l’impuissance dans l’impossibilité d’utiliser leur arme, vu la foule et la configuration des lieux. Ces policiers qui ont sauvé les élus et la démocratie elle-même, face au « cancer » qui menace « notre république constitutionnelle », comme l’a dit Liz Cheney, l’une des deux républicains qui ont accepté de siéger à la commission.
Le sergent Aquilino Gonell, un mouchoir en papier à portée de main, a décrit le traumatisme que lui a causé le fait d’avoir subi pareille haine de la part de compatriotes. Arrivé de République dominicaine en 1992, engagé dans l’armée, il a servi en Irak, à l’âge de 25 ans. Il a eu plus peur à Washington le 6 janvier qu’à Bagdad. « Ça a été une bataille moyenâgeuse. Corps à corps, centimètre par centimètre. » Le policier défendait la terrasse ouest. La meute criait que les « traîtres » devaient être « exécutés ». « Je sentais que je perdais de l’oxygène. Je me suis dit : c’est comme ça que je vais mourir. »
« Ce nègre a voté pour Joe Biden »
Michael Fanone, barbe poivre et sel, membre de l’unité de lutte contre les stupéfiants de la police de Washington, généralement en civil, n’avait aucune raison d’être là. Mais quand il a entendu l’appel d’urgence code 10-33 sur la radio, un message qu’il n’avait entendu que le 11 septembre 2001, il a enfilé un uniforme et s’est précipité au Capitole. Il a été séparé de ses collègues, battu, électrocuté « encore et encore » avec son propre taser. Sa caméra fait entendre le cri de triomphe d’un assaillant : « J’en ai un ! » Puis l’appel de détresse du policier : « J’ai des enfants. » Inconscient, il a été transporté à l’hôpital avec une crise cardiaque et un traumatisme crânien. Eprouvé, il a tapé du poing sur la table, mardi, en évoquant les élus trumpistes qui continuent à minimiser la gravité des événements du 6 janvier. « Cette indifférence pour mes collègues est indigne. »
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