La répression contre les médias indépendants s’intensifie en Inde, au moment même où l’affaire Pegasus met au jour un espionnage massif des journalistes par le gouvernement Modi. Le Dainik Bhaskar, le journal le plus lu dans le pays, diffusé en hindi, vient de faire l’objet d’un raid de l’administration fiscale. Jeudi 22 juillet, à 5 h 30 du matin, des agents de la brigade financière ont investi et perquisitionné la trentaine de sites du groupe, répartis dans le pays.
Le Dainik Bhaskar s’était illustré ces derniers mois par une couverture remarquable de la deuxième vague de Covid-19 qui a terrassé le sous-continent. Ses journalistes ont enquêté et révélé l’ampleur de la crise sanitaire, au péril de leur vie. Ils ont parcouru plus de 2 000 km le long du Gange pour comptabiliser les morts cachés, jetés dans le fleuve ou enterrés sur ses rives, notamment dans l’Etat de l’Uttar Pradesh. Ils ont également dénoncé la lenteur de la campagne de vaccination.
Les services fiscaux soupçonnent le groupe – qui est présent dans les médias, mais aussi dans l’énergie et le textile – d’évasion fiscale. Mais selon Om Gaur, rédacteur en chef de Dainik Bhaskar, les enquêteurs ont saisi des documents éditoriaux. Il a aussi précisé que les sanctions avaient commencé il y a déjà plusieurs semaines. A la suite de leurs enquêtes sur la pandémie, les journaux du groupe avaient notamment déjà été privés de publicité gouvernementale.
« Nous ne céderons pas à la pression. Nous nous en tiendrons à notre journalisme », a déclaré Om Gaur à l’issue de la perquisition. En juin, le journaliste avait signé dans le New York Times une tribune remarquée, « Le Gange ramène les morts. Il ne ment pas », dans laquelle il écrivait que le fleuve sacré était devenu « la pièce à conviction des échecs et des tromperies de l’administration Modi ».
« Mentalité dangereuse »
Une chaîne de télévision basée à Lucknow, la capitale de l’Uttar Pradesh, qui avait également réalisé un travail d’investigation similaire et mis en cause le chef de gouvernement, le moine extrémiste Yogi Adityanath, a également été visée par la brigade financière.
L’opposition et les associations de médias dénoncent une « tentative d’intimidation contre des médias qui osent s’élever contre le gouvernement », ainsi que l’utilisation à titre coercitif des agences gouvernementales. « Nous vivons dans un état d’urgence non déclaré », estime le secrétaire général du club de la presse indienne, Vinay Kumar.
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