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En Afghanistan, un couvre-feu imposé par les autorités sur l’essentiel du territoire

Des Afghans qui soutiennent les talibans portent leur drapeau blanc emblématique à Spin Boldak, le 14 juillet 2021. TARIQ ACHAKZAI / AP

Les autorités afghanes, confrontées depuis deux mois à une vaste offensive des talibans qu’elles peinent à enrayer, ont décrété, samedi 24 juillet, un couvre-feu nocturne sur l’ensemble du territoire à l’exception de trois provinces.

« Afin d’endiguer la violence et de limiter les mouvements des talibans, un couvre-feu est décrété dans 31 provinces du pays » qui en compte 34, a déclaré le ministère de l’intérieur dans un communiqué. Seules les provinces de Kaboul, du Panchir au nord-est et de Nangarhar à l’est ne sont pas concernées. Le porte-parole adjoint du ministère, Ahmad Zia Zia, a précisé dans un message aux journalistes que le couvre-feu serait en vigueur de 22 heures à 4 heures. Il n’a pas précisé durant combien de temps la mesure serait appliquée.

Les insurgés ont déclenché, au début du mois de mai, une offensive tous azimuts contre les forces afghanes. Cette poussée à travers le pays bénéficie du retrait définitif des forces internationales d’Afghanistan, désormais pratiquement terminé, l’essentiel des 9 500 soldats étrangers ayant quitté le pays ces deux derniers mois.

Les talibans se sont emparés de vastes portions rurales du pays et de plusieurs postes-frontières importants avec l’Iran, le Turkménistan, le Tadjikistan et le Pakistan. Les forces afghanes n’ont opposé qu’une faible résistance à l’offensive et ne contrôlent plus que les principaux grands axes et les capitales provinciales.

Frappes américaines

Après trois jours de relative accalmie sur le terrain, à l’occasion de l’Aïd el-Adha, la fête musulmane du Sacrifice, les autorités afghanes ont, cependant, annoncé le lancement de multiples opérations militaires depuis vendredi, dans une quinzaine de provinces, pour tenter de reprendre du terrain aux talibans. Un correspondant de l’Agence France-Presse a signalé, samedi, que des opérations de l’armée étaient en cours dans la province septentrionale de Kunduz, pour tenter de reprendre des zones tombées aux mains des insurgés.

Le ministère de la défense a notamment annoncé, vendredi, que l’armée avait repris un important district de la province occidentale d’Herat, frontalière de l’Iran. Les Etats-Unis, dont le retrait des troupes est achevé à 95 %, selon le chef d’état-major de l’armée américaine, ont confirmé, de leur côté, avoir fourni un soutien aérien à l’armée afghane, qui en a cruellement manqué. « Nous continuons à mener des frappes pour soutenir les forces afghanes », a affirmé le porte-parole du ministère américain de la défense, John Kirby, refusant de préciser où et quand ces frappes avaient été menées.

Les talibans ont, de leur côté, qualifié d’« attaques barbares » ces frappes américaines. Ils ont dénoncé le ton martial du président Ashraf Ghani, qui annonçait d’importantes opérations des forces spéciales afghanes ces six prochains mois. « Au cours de cette période de six mois, la responsabilité de toute évolution militaire incombera aux dirigeants du gouvernement de Kaboul. Les combattants [talibans] défendront âprement leurs territoires et ne resteront pas en posture défensive si l’ennemi insiste pour faire la guerre », a averti Zabihullah Mujahid, un porte-parole des talibans.

Les talibans cherchent à moderniser leur image

Ce porte-parole a fermement nié les accusations du gouvernement qui, ces derniers jours, a fait état d’atrocités commises contre les civils par les talibans dans le district de Spin Boldak, frontalier du Pakistan, dont ils se sont emparés le 14 juillet. « Nous démentons fermement une telle propagande. Après la prise du district de Spin Boldak par les combattants [talibans], il n’a été fait de mal à personne, personne n’a été maltraité », a-t-il affirmé.

Depuis que Washington a annoncé en 2020 son projet de départ définitif des troupes étrangères d’Afghanistan, les talibans tentent d’afficher une image plus moderne et modérée, notamment vis-à-vis de l’étranger et assurent être partisans d’un « accord politique » pour mettre fin au conflit.

Lancés en septembre à Doha, les pourparlers interafghans sont, cependant, au point mort. Un cycle de discussions, à nouveau stérile, s’est achevé le 18 juillet. Le gouvernement afghan et les talibans s’accusent mutuellement d’être responsables de l’échec des négociations et de ne pas vouloir la paix.

Le Monde avec AFP

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