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Etats-Unis : quatre laboratoires, accusés d’avoir alimenté la crise des opiacés, prêts à payer 26 milliards de dollars pour solder les litiges

Accusées d’avoir contribué à la crise des opiacés qui ravage les Etats-Unis, quatre sociétés pharmaceutiques américaines sont prêtes à payer 26 milliards de dollars pour solder des milliers d’actions en justice intentées contre elles par de nombreux Etats américains.

Le laboratoire Johnson & Johnson a accepté de payer 5 milliards sur neuf ans, et les distributeurs McKesson, Cardinal Health et AmerisourceBergen, 21 milliards sur dix-huit ans, avec l’espoir de solder près de 4 000 actions en justice intentées par des dizaines d’Etats américains et collectivités locales, dans le cadre d’une proposition d’accord à l’amiable « historique », a annoncé, mercredi 21 juillet, Letitia James, procureure générale de l’Etat de New York.

Ces quatre sociétés « ont non seulement contribué à déclencher la crise, mais elles ont continué à l’attiser pendant plus de vingt ans », a-t-elle déclaré. « Aujourd’hui, nous les tenons pour responsables et nous injectons des milliards de dollars dans les communautés à travers le pays », s’est-elle félicitée.

La mise en œuvre de l’accord – qui doit permettre aux Etats et collectivités de financer les traitements rendus nécessaires par ce fléau – dépendra du nombre d’Etats américains qui l’accepteront. Mercredi, en plus de l’Etat de New York, six autres Etats ont décidé de l’accepter : Caroline du Nord, Connecticut, Delaware, Louisiane, Pennsylvanie et Tennessee.

Série d’accords à l’amiable

Tout en rejetant toute culpabilité, Johnson & Johnson, qui a renoncé à produire ou vendre toute substance opiacée, avait déjà annoncé fin juin un accord à l’amiable avec le seul Etat de New York, prévoyant qu’il verse 230 millions de dollars. Quant aux distributeurs, accusés d’avoir fermé les yeux sur des commandes d’opiacés suspectes, ils s’engagent par l’accord annoncé mercredi à tout faire pour détecter de telles commandes, grâce à un système centralisé de partage des données.

S’il se confirme, l’accord sera le plus important de l’épique bataille juridique engagée par les Etats et collectivités pour faire payer les entreprises – depuis les laboratoires jusqu’aux médecins, en passant par des sociétés de conseil comme McKinsey – accusées d’avoir produit et promu les médicaments opiacés, ou fermé les yeux sur leur surconsommation. La bataille a souvent été comparée à celle menée contre les cigarettiers dans les années 1980 : elle déboucha sur un accord à l’amiable entre les fabricants et la quasi-totalité des Etats américains en 1998, d’un montant de près de 250 milliards de dollars.

Ces derniers mois, alors que de nombreux dossiers sur les opiacés arrivaient au stade du procès, une série d’accords à l’amiable ponctuels ont été annoncés, tels celui de Johnson & Johnson avec l’Etat de New York, ou celui établi avec le laboratoire Purdue, accusé d’avoir été aux origines de la crise avec sa promotion féroce du médicament opiacé OxyContin.

Ce dernier accord, qui prévoit une restructuration complète du laboratoire détenue par la famille Sackler et le versement de 4,5 milliards de dollars aux collectivités touchées par la crise, reste à confirmer par un tribunal fédéral des faillites, Purdue s’étant placé en cessation de paiement.

Plus de 500 000 morts par overdose

La crise des opiacés, déclenchée par la promotion incisive et la surprescription de médicaments antidouleur très addictifs tels que l’oxycodone dans les années 1990, a fait plus de 500 000 morts par overdose aux Etats-Unis depuis vingt ans.

Partie d’une surconsommation de médicaments délivrés sur ordonnance, autrefois réservés aux maladies les plus graves, elle a généré un vaste marché de substances opiacées illicites particulièrement puissantes, comme le fentanyl, qui ont fait flamber le nombre d’overdoses.

Après un début d’amélioration juste avant la pandémie, le nombre d’overdoses mortelles est reparti à la hausse en 2020 : plus de 93 000 personnes sont mortes, la plupart d’overdoses liées aux opiacés.

L’accord annoncé mercredi, même s’il est accepté par de nombreux Etats, ne mettra cependant pas fin à tous les litiges. D’autres laboratoires ont été attaqués en justice qui n’y sont pas associés, comme Teva, Allergan, ou Endo. Les grandes chaînes de pharmacies américaines, telles que Walgreens, CVS, ou les points pharmacies des magasins Walmart, ne sont pas non plus dedans.

Le Monde avec AFP

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