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D’anciens soldats israéliens dénoncent la connivence entre armée et colons en Cisjordanie

Des soldats israéliens observent le village palestinien de Beita, alors que les colons évacuent la colonie d’Eviatar, en Cisjordanie, le 2 juillet 2021. EMMANUEL DUNAND / AFP

Les témoignages révèlent un entrelacs de raisons : il y a les liens affectifs, les amitiés nouées entre soldats et colons, une certaine proximité idéologique entre les deux, citoyens du même pays, et puis les ordres, souvent très clairs quand il s’agit d’arrêter les Palestiniens, beaucoup plus flous concernant les colons israéliens… Tout cela finit par créer un « système » où l’armée au mieux ignore, au pire se fait complice de la violence des colons, décrit le nouveau rapport de l’ONG Breaking the Silence, « En Service », publié mercredi 21 juillet, à travers trente-six récits d’anciens soldats israéliens postés en Cisjordanie occupée.

« On a des centaines de vidéos dans lesquelles les colons commettent des actes violents, beaucoup qui montrent des soldats à côté d’eux, des milliers d’incidents lors desquels les colons attaquent des soldats… Et pourtant, le système continue d’ignorer cette violence-là », précise Ori Givati, le porte-parole de l’ONG. Selon lui, souvent, après des attaques commises par les colons, il n’y a pas d’arrestations, les plaintes des Palestiniens sont ignorées, les enquêtes vite abandonnées.

« Je n’ai pas souvenir qu’un colon ait été arrêté. (…) J’avais le sentiment que l’armée avait constamment peur de s’en prendre à eux », décrit ainsi un sergent-chef en poste en 2012 à Yitzhar, une colonie réputée violente près de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie. Beaucoup soulignent qu’ils sont là pour protéger les colons, sans broncher, même lorsque ces derniers empruntent l’itinéraire qui mobilise le plus de troupes parce qu’il traverse des quartiers palestiniens, même lorsque les provocations sont claires et que les colons ont initié les violences.

« C’était à Yitzhar, une colonie en face du village (palestinien) de Burin. On a reçu un appel pour intervenir. On est arrivés et des colons jetaient des pierres sur des agriculteurs palestiniens. On s’est retrouvés au milieu – c’est une vallée – et je me souviens que nous étions impuissants. On ne pouvait rien faire. Nous n’avons arrêté personne ce jour-là. L’idée était toujours de calmer les Palestiniens, se souvient Netaï Halup, 30 ans, qui a servi dans la zone entre 2012 et 2013. Aujourd’hui, c’est même pire. Quand je vois les vidéos, c’est clair : l’armée n’est pas au milieu, elle est du côté d’un seul camp », les colons.

Des Palestiniens livrés à eux-mêmes

Leur violence sert un but : « C’est un instrument pour s’approprier plus de terres », rappelle Ori Givati. En face, les Palestiniens sont livrés à eux-mêmes. Le 14 mai, pendant l’Aïd El-Fitr, Wafa Amran, du village de Burin, a cru que son « dernier jour était arrivé ». « Cinquante colons environ, protégés par les soldats d’occupation, nous ont attaqués », lâche la jeune femme d’une voix absente. Pendant deux heures, elle se réfugie, enceinte, dans la salle de bain de sa maison avec ses trois enfants ; son mari est coincé dehors, incapable d’approcher leur domicile, maintenu à distance par les soldats.

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