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les dessous d’un énorme scandale de cyberespionnage

Des États ont installé un logiciel espion sur des milliers de téléphones de journalistes et d’activistes issus d’une cinquantaine de pays. Plus de 1.000 Français feraient partie de ces cibles.

C’est le scandale de ce dimanche 18 juillet. Lors d’une enquête menée par Forbidden Stories, un vaste consortium international de journalistes, issus de dix-sept rédactions, et épaulé par Amnesty International, a pu récupérer une liste de 50.000 numéros de téléphones ciblés par un logiciel d’espionnage du nom de Pegasus. Un logiciel qui revient ponctuellement dans l’actualité et qui a déjà été évoqué par Futura.

Dans cette enquête, il apparait que de nombreux États utilisent ce logiciel espion pour surveiller des militants, des avocats, des personnalités politiques, des journalistes et des opposants du monde entier. Parmi les cibles, se trouve une trentaine de journalistes et de patrons de médias français issus du journal Le Monde, de France Télévisions, du Figaro ou encore de l’AFP. En tout, plus de 1.000 Français seraient concernés. Treize chefs d’État ou de gouvernement, dont trois européens, ont aussi été espionnés via Pegasus. Les 50.000 numéros de téléphones relevés ne sont pas tous espionnés, mais font partie d’une liste de cibles potentielles.

Le logiciel peut être implanté de différentes façons dans le mobile Android ou un iPhone : faille zero-day via une application comme iMessage ou WhatsApp, accès direct au smartphone, installation via un lien piégé tel un malware. Une fois qu’il s’y loge, il est difficile à détecter, puisque il se trouve au niveau du noyau du téléphone, c’est-à-dire au cœur du système d’exploitation, comme le décrit un article de l’entreprise de cybersécurité Lookout. Aucun chiffrement des données n’est efficace pour s’en protéger. Il passe donc outre celui d’applications comme Signal ou Telegram. En plus de récupérer les messages, les photos, les contacts et d’écouter les appels, il peut aussi servir à activer le micro et la caméra du mobile.

Une puissante cyber-arme

Ce logiciel particulier est édité par la société israélienne NSO Group. Une entreprise qui est désormais devenue leader de la surveillance téléphonique. NSO Group a été créé par deux anciens agents de l’unité 8200 de Tsahal. Une unité de hackers traquant les failles des systèmes et applications pour implanter des logiciels espions. Malgré ce qu’elle prétend, l’enquête publiée dans Le Monde montre que la société n’est pas toujours regardante et vend parfois son logiciel espion à qui veut l’acheter.

La société NSO Group n’est pas toujours regardante et vend parfois son logiciel espion à qui veut l’acheter

Elle compte une quarantaine d’États comme clients, dont le Maroc, le Kazakhstan ou l’Azerbaïdjan. En revanche, elle s’interdirait d’opérer sur une cinquantaine de pays et certains États jugés trop sensibles. C’est le cas des États-Unis, de la Russie ou d’Israël. D’ailleurs, c’est ce dernier qui lui délivre les autorisations pour commercialiser son logiciel et qui la pousse parfois à franchir la ligne rouge pour des raisons diplomatiques.

Comme le montre l’enquête, ce logiciel espion peut être considéré comme une véritable cyber-arme permettant de doter un petit pays d’un outil pouvant être utilisé pour lutter contre le terrorisme et la criminalité, mais aussi pour contrôler les médias et les opposants. Ce scandale montre surtout que, contrairement au marché de l’armement, la réglementation en matière de vente cyber-armes est très floue. Un flou juridique qui peut s’avérer dangereux lorsque cette puissante arme est vendue à un État répressif.

Ce qu’il faut retenir

Un logiciel d’espionnage, déjà connu, cible 50.000 numéros de téléphones de personnalités, de journalistes et d’activistes.
Pegasus est issu d’une société israélienne et a déjà été utilisé par au moins 40 pays.
Le logiciel cible 1.000 français.

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