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Europe : « Il n’est plus possible de considérer les migrants comme des sous-humains qu’on peut laisser mourir en mer »

Tribune. A la fin de ce mois de juin 2021, dans l’indifférence générale, la Grèce renvoyait en Turquie une douzaine de réfugiés qui avaient franchi la frontière illégalement. Ils avaient été enfermés, battus, et dépouillés de leurs vêtements : ils étaient nus. La Grèce est coutumière du fait : en mars 2020 déjà, des photos de réfugiés renvoyés en Turquie en sous-vêtements avaient fait le tour du monde. En décembre 2020, la Grèce était également accusée de renvoyer à la mer des canots pneumatiques qui accostaient sur ses côtes, en pleine nuit, avec des enfants à bord.

En juin 2020 également, le Danemark faisait voter une loi l’autorisant à délocaliser totalement sa procédure d’asile, et négociait avec plusieurs pays africains pour qu’ils accueillent, en échange de quelques millions d’euros, les réfugiés dont le Danemark ne veut plus sur son sol. Qu’importe que le Danemark n’ait accueilli que 1 500 réfugiés en 2020, qu’importe que son gouvernement soit intégralement social-démocrate : il met ici en œuvre le programme de l’extrême droite – un pays sans réfugié, où l’asile n’est tout simplement plus possible, où les principes les plus fondamentaux du droit d’asile sont bafoués.

Cette tentation d’externaliser le droit d’asile n’est pas nouvelle. Avec la Turquie d’Erdogan, la Libye de Kadhafi et de ses successeurs, avec d’autres, les dirigeants européens se sont perdus dans de funestes marchandages. De cela, nous ne voulons ni pour l’Europe ni pour la France. La Commission européenne s’est bien sûr émue que le droit d’asile soit ainsi violé, mais cela n’ira sans doute guère plus loin.

Les questions d’asile et d’immigration pas traitées

Aussi choquantes et contraires aux valeurs européennes soient-elles, les pratiques du Danemark et de la Grèce sont au fond conformes à la ligne suivie par les politiques européennes d’asile depuis plusieurs années : fermer les frontières, laisser les migrants mourir en mer, solder nos obligations et piétiner notre honneur. Depuis le début de l’année 2021, près de 1 000 migrants ont déjà péri noyés en Méditerranée, et plus de 20 000 depuis 2014.

Le nouveau pacte pour l’asile et les migrations, présenté en septembre 2020 par la Commission européenne, ne fait que renforcer cette logique d’externalisation et de restriction de l’asile sur le sol européen. Vendredi 16 juillet 2021, la Lituanie a déclaré l’état d’urgence pour faire face à l’arrivée sur son territoire de migrants en provenance de la Biélorussie.

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