Une trentaine de personnes ont été tuées et des dizaines blessées lundi 19 juillet dans un attentat revendiqué par le groupe Etat islamique sur un marché populaire d’une banlieue chiite de Bagdad, à la veille de la fête musulmane de l’Aïd al-Adha. Dans un message publié quelques heures après l’attaque sur son canal Telegram, l’EI a affirmé qu’un de ses kamikazes avait déclenché sa ceinture d’explosifs, « faisant 30 morts et 35 blessés ».
Il s’agit du deuxième attentat revendiqué par l’EI depuis le début de l’année dans la capitale irakienne. L’explosion s’est produite lundi en fin d’après-midi sur un des marchés populaires de Sadr City, immense quartier chiite déshérité de l’est de Bagdad, où de nombreuses personnes se pressaient pour faire des courses à la veille de la plus importante fête musulmane, l’Aïd al-Adha ou fête du sacrifice.
Selon des sources sécuritaires et médicales, le bilan oscille entre 28 et 35 morts, dont une quinzaine de femmes et d’enfants, et entre 30 et 50 blessés. Des morceaux de corps, des sandales jonchaient le sol au milieu des étals dévastés, et des traces de sang étaient visibles un peu partout, a constaté un photographe de l’AFP.
Etals ravagés, commerçants sidérés
Des Irakiens allument des bougies sur le lieu d’une explosion, sur un marché de Sadr City, le 19 juillet 2021. AHMAD AL-RUBAYE / AFP
Sur place, les policiers et les équipes médico-légales interrogeaient des témoins, pendant que des habitants se recueillaient et allumaient des bougies sur les lieux du drame. Une vidéo postée sur les réseaux sociaux montre le chaos qui régnait quelques minutes après l’explosion : femmes et enfants s’enfuyant en criant, étals ravagés et commerçants sidérés. Les blessés ont été transportés dans un hôpital de Sadr City, et le ministère de la santé a promis de dégager des moyens pour aider les équipes médicales débordées.
Le président irakien Barham Saleh a dénoncé sur Twitter « un crime haineux et d’une cruauté sans précédent ». « Ils ciblent nos civils à Sadr City à la veille de l’Aïd. Ils n’acceptent pas que les gens se réjouissent, même un instant », a-t-il condamné. « Triste nuit de l’Aïd en Irak », a tweeté de son côté la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Irak.
Il s’agit du premier attentat à Bagdad depuis janvier, revendiqué par l’EI, où 32 personnes avaient été tuées sur un marché du centre de la capitale. Un premier homme avait déclenché sa ceinture explosive et un deuxième avait fait détoner ses explosifs alors qu’un attroupement se formait pour tenter de venir en aide aux victimes.
L’Etat islamique, défait mais toujours présent
En mai, quatre attaques non revendiquées mais attribuées à l’EI avaient visé des militaires irakiens dans des villes proches de la capitale, faisant 18 morts. L’EI, qui a contrôlé de vastes portions du territoire irakien entre 2014 et 2017, a été défait par les troupes irakiennes appuyées par une coalition internationale antijihadiste dirigée par les Etats-Unis. Des cellules de cette organisation sont cependant toujours présentes dans le pays notamment dans les zones montagneuses et désertiques, et revendiquent des attaques ponctuelles.
Quelque 3 500 soldats étrangers sont toujours stationnés en Irak, dont 2 500 Américains. Sadr City, proche banlieue populaire de Bagdad, est le fief des partisans du turbulent leader chiite Moqtada Al-Sadr, dont l’influence est souvent déterminante dans la politique irakienne.
Il y a quelques jours, Moqtada Al-Sadr a annoncé qu’il entendait boycotter les élections législatives prévues en octobre dans un pays miné par la gabegie et la défaillance des pouvoirs publics. Cet attentat survient également quelques jours avant la prochaine visite aux Etats-Unis du Premier ministre Moustafa Al-Kazimi, qui sera reçu par le président américain Joe Biden le 26 juillet.
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