Les manifestations antigouvernementales en Thaïlande, qui ciblent depuis un an l’oligarchie militaro-monarchiste au pouvoir, se focalisent désormais contre le premier ministre Prayuth Chan-ocha alors que le royaume est confronté depuis quelques semaines à un pic de contamination inédit depuis l’apparition de la pandémie de Covid-19. Des centaines de personnes se sont de nouveau rassemblées à Bangkok, dimanche 18 juillet, pour demander la démission du chef du gouvernement mais aussi pour exiger que soit immédiatement garanti un approvisionnement adéquat de vaccins à ARN messager.
Le nombre de manifestants de dimanche, réunis autour de leur « base » fétiche du « monument de la démocratie », reste modeste. Le malaise n’en est pas moins réel au sein d’un éventail de plus en plus large de la population. Durant des mois, la Thaïlande avait été épargnée par le Covid-19, notamment en raison de mesures très strictes imposées en termes de surveillance épidémiologique et de restrictions des déplacements.
L’un des pays les plus exposés d’Asie
Jusqu’au mois d’avril, guère plus de trois cents personnes étaient mortes de la maladie et, durant des mois, aucun décès n’avait été à déplorer tandis que le niveau de contamination restait très bas, pour ne pas dire nul. La réalité est désormais tout autre : plus de trois mille morts – soit dix fois plus en moins de trois mois -, plus de dix mille cas positifs par jour et des pics de mortalité se chiffrant à plus d’une centaine au quotidien. La Thaïlande est devenue l’un des pays les plus exposés d’Asie.
Autre motif d’inquiétude et de colère : l’essentiel de la vaccination est assuré par le vaccin chinois Sinovac, réputé beaucoup moins efficace contre les variants, et par l’Astra Zeneca. Or le nombre de doses de celui-ci, produites par une compagnie appartenant au roi, est pour le moment insuffisant. A peine trois millions de personnes ont à ce jour reçu deux doses de vaccins sur une population de près de soixante-dix millions d’habitants…
« La conception mal pensée d’une stratégie [gouvernementale de contrôle de la pandémie] peut désormais être qualifiée de calamité nationale », tonne, dans une tribune du quotidien anglophone Bangkok Post, le politologue Thitinan Pongsudhirak, directeur de l’Institut sur la sécurité et les études internationales à la faculté des sciences politiques de Chulalongkorn. « Alors que le mouvement [pro démocratique] emmené par la jeunesse exige des réformes politiques, des changements plus fondamentaux pourraient à l’avenir être la conséquence de la gestion désastreuse du Covid, source de morts, de difficultés quotidiennes et de frustration collective », poursuit l’intellectuel qui demande « l’ouverture impérative d’une enquête » visant à forcer le gouvernement à « rendre des comptes ».
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