Face à la dégradation rapide de la situation sécuritaire en Afghanistan, l’Etat français a affrété, samedi 17 juillet, un vol spécial reliant Kaboul à Paris pour ramener l’ensemble de la communauté française, ainsi que certains Afghans ayant travaillé ou travaillant pour la France. Depuis le mois de mai, soit le début du départ d’Afghanistan des forces étrangères, présentes dans ce pays depuis 2001, les talibans ne cessent d’étendre leur emprise sur le territoire.
Le 13 juillet, l’ambassadeur de France en Afghanistan, David Martinon, avait appelé « l’ensemble de la communauté française » à prendre ce dernier vol, précisant que « plus aucun vol spécial supplémentaire ne pourra être affrété ». Alors que l’ambassade française dit ne plus pouvoir « assurer la sécurité » des Français d’Afghanistan après le 17 juillet, ces derniers seront, selon des sources diplomatiques, entre 60 et 100 à demeurer dans le pays, en plus de membres du corps diplomatique.
Aucun humanitaire français n’a pris le vol du 17 juillet vers Paris. Nombreux ont décidé de rester en Afghanistan malgré les menaces. « Pourquoi partirions-nous ?, demande un humanitaire français, joint à Kaboul, qui préfère rester anonyme. L’appel de l’ambassade pour que les Français quittent l’Afghanistan n’a rien de nouveau. La situation se dégrade bien évidemment. Mais pour nous, l’essentiel est de savoir si les conditions sont réunies pour travailler. La réponse est, pour le moment, oui. Et, bien sûr, nous adaptons nos activités en fonction des combats. »
« Laissé derrière » par la France
Alors que des sources diplomatiques françaises assurent que tous les Afghans ayant travaillé pour la France en Afghanistan ont été rapatriés (600 depuis mai), l’Association des interprètes et auxiliaires afghans de l’armée française réfute cette version. Selon le porte-parole de cette association, Abdulraziq Adil, aujourd’hui en France, les anciens interprètes, chauffeurs et d’autres auxiliaires ayant travaillé pour l’armée française en Afghanistan sont encore « entre 70 et 80 en Afghanistan, à avoir échoué à obtenir un visa français ». « Dans le vol du 17 juillet, il n’y a eu que des professeurs et des instituteurs des lycées et des universités françaises en Afghanistan ainsi que des employés de l’ambassade », explique-t-il.
Shafiullah Almas est l’un de ceux qui se considèrent comme « laissé derrière » par la France. Cet Afghan de 29 ans a travaillé avec les militaires français entre 2011 et 2012, l’année où ces derniers ont quitté l’Afghanistan. Dans la province de Kapisa, dans l’est du pays, il a été le traducteur des formateurs français qui enseignaient des règles de sécurité aux forces afghanes. Shafiullah Almas effectuait aussi des patrouilles avec l’armée française et fouillait parfois des suspects. Jusqu’en 2018, à trois reprises, ses demandes de visa ont été refusées.
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