Pour la première fois, l’entreprise Carmat créée en 2008 a vendu un exemplaire de son coeur artificiel total: commercialisé sous la marque Aeson, il a été implanté sur un patient en Italie afin de servir de relais dans l’attente d’une greffe, une étape importante annoncée lundi par la medtech française, qui faisait s’envoler son action en Bourse.
Cette implantation a été « réalisée par l’équipe du Dr Ciro Maiello, chirurgien cardiaque au centre hospitalier de Naples, l’un des centres bénéficiant de la plus grande expérience en matière de cœurs artificiels en Italie », affirme la société dans un communiqué.
Pour Carmat, qui a réalisé une augmentation de capital de 56 millions d’euros en mars, cette implantation « marque la première vente réalisée (…) depuis sa création en 2008 » et représente « une étape majeure, qui ouvre une nouvelle page du développement de la société ».
Ce cœur vise à offrir une alternative thérapeutique aux malades souffrant d’insuffisance cardiaque biventriculaire terminale.
Aucun coeur Aeson n’avait encore à ce jour été utilisé en dehors du cadre d’une étude clinique, a précisé une porte-parole à l’AFP, indiquant que le coût financier de l’opération, supérieur à 150.000 euros, avait été pris en charge par « le système régional de santé », en attendant un remboursement national qui, en Italie, prend le relais « après plusieurs années d’utilisation ».
Ce coeur coûte « grosso modo 200.000 euros », a indiqué sur BFM Business, lundi, Stéphane Piat, directeur général de Carmat: « Maintenant on a deux objectifs: travailler sur les ventes et réduire les coûts de production le plus vite possible ».
Dans la foulée de cette annonce, en début de cotation à la Bourse de Paris lundi, le titre de Carmat gagnait 11,7% à 25,85 euros, dans un marché en repli de 1,2%.
– En attendant la greffe –
Le 15 juillet, Carmat avait annoncé la première implantation humaine de son cœur artificiel aux États-Unis, dans le cadre d’une étude clinique réalisée au Duke University Hospital de Durham (Caroline du Nord), ce qui avait fait bondir le cours de l’action de 6,77% à 23,65 euros à la Bourse de Paris.
Le coeur artificiel Carmat (AFP – Sophie RAMIS)
Dix patients éligibles à la transplantation doivent être recrutés dans cet essai américain, conformément au protocole d’étude approuvé par la FDA (Food and drug administration), et trois autres centres aux Etats-Unis sélectionnent actuellement les patients pour l’étude, a précisé Carmat la semaine dernière.
En décembre 2020, Carmat avait obtenu le marquage CE en Europe, ce qui lui avait donné le feu vert pour la commercialisation de son coeur artificiel en Europe, en tant que pont à la transplantation – c’est-à-dire en attendant une greffe -, grâce à des résultats intermédiaires positifs de l’étude Pivot, qui a débuté en 2016 et est toujours en cours.
En novembre 2019, les résultats de l’étude portant sur les 11 premiers patients implantés avaient montré que « 73% de ces patients ont atteint les six mois de survie avec la prothèse ou une transplantation cardiaque réussie » dans les six mois suivant l’implantation – ce qui était l’objectif primaire de l’étude.
Outre la France, ces implantations en Europe ont eu lieu au Danemark, en République tchèque et au Kazakhstan.
Entré en Bourse en 2010, Carmat, qui se targue d’avoir reçu 33 millions d’euros accordés par Bpifrance, espère annoncer d’autres commercialisations de son coeur artificiel en Europe d’ici la fin de l’année. L’entreprise vise plus particulièrement la France et l’Allemagne, qui représentent à elles deux 55% du marché des dispositifs d’assistance circulatoire mécanique (MCS) de l’UE.
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