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Au Salvador, Nayib Bukele, président populaire et populiste

Nayib Bukele, président du Salvador, après avoir quitté un bureau de vote lors des élections législatives à San Salvador, El Salvador, le dimanche 28 février 2021. CAMILO FREEDMAN/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES

Il s’est autoproclamé « le président le plus cool du monde ». Nayib Bukele tweete à tour de bras, affiche une popularité insolente et est, à 39 ans, le chef d’Etat le plus jeune – et l’un des plus controversés – d’Amérique latine. Bénédiction pour les uns, populiste foulant au pied l’Etat de droit pour les autres, ce millénial qui a pris tout le monde par surprise en instaurant le bitcoin comme monnaie nationale (au même titre que le dollar américain, l’autre monnaie en circulation) est encore, pour beaucoup, une énigme.

Lors de sa campagne en 2019, son discours progressiste, sans concession pour les deux partis jusque-là au pouvoir et gangrenés par la corruption, laisse penser qu’une nouvelle ère s’ouvre au Salvador. Il incarne la fin de trente années de bipartisme entre l’Alliance républicaine nationaliste (Arena, droite, 1989-2009) et le Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN, ex-guérilla de gauche, 2009-2019).

Les premiers jours de son mandat témoignent de son sens du spectacle : il licencie par tweet des dizaines de fonctionnaires qu’il accuse d’avoir été engagés par népotisme. On l’applaudit ou on le voue aux gémonies. Mais, deux ans après son arrivée au pouvoir, sa popularité semble lui donner raison : 92,1 % des Salvadoriens ont une bonne opinion de lui.

Jorge est un libraire de 27 ans. Il n’a pas assez de mots pour dire sa gratitude envers un président qui, pendant la pandémie, a donné 300 dollars d’allocation (environ 254 euros), distribué des paniers alimentaires, fait sortir de terre un hôpital flambant neuf pour les patients malades du Covid-19, n’hésitant pas pour cela à endetter le pays. « Jamais aucun gouvernement n’a autant donné au peuple », souligne-t-il.

L’« instrument » de Dieu

Le bilan de ses deux premières années inclut la campagne de vaccination la plus rapide d’Amérique centrale. Et une diminution de moitié du nombre d’homicides par rapport à 2019. Très vite pourtant, ses méthodes tranchent avec son discours. Le 9 février 2020, après huit mois sans majorité parlementaire, se heurtant à l’opposition impitoyable de l’Arena et du FMLN, Nayib Bukele s’introduit dans l’hémicycle accompagné de soldats armés jusqu’aux dents, pour forcer une séance convoquée par le conseil des ministres. Après un bref instant assis à la place du président de l’Assemblée, il explique que Dieu lui a demandé de ne pas dissoudre le Parlement, car il l’obtiendra dans les urnes.

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