Une recrudescence des incidents militaires à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan remet en cause la reprise des négociations entre les deux pays. Le maintien au pouvoir du premier ministre arménien Nikol Pachinian, à la suite d’élections législatives anticipées en juin, avait pourtant rassuré Bakou. Le pouvoir azerbaïdjanais craignait le retour au pouvoir d’une opposition menaçant de déchirer la déclaration tripartite du 9 novembre 2020, qui avait mis fin à quarante-quatre jours de guerre. Le document avait été signé par Nikol Pachinian, ainsi que par le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le président russe Vladimir Poutine.
Fait nouveau, les derniers accrochages se sont déroulés à 50 kilomètres au sud de la capitale arménienne, Erevan. Non pas dans la région contestée du Haut-Karabakh, mais à la limite du Nakhitchevan, une exclave azerbaïdjanaise coincée entre l’Arménie et l’Iran. Un soldat arménien a été tué et un soldat azerbaïdjanais blessé, mercredi 14 juillet, dans un échange de tirs. Vendredi, un autre accrochage a eu lieu au même endroit, sans faire de victime. Des tirs ont aussi été échangés ces derniers jours dans les environs de Choucha (Chouchi en arménien), au cœur du Haut-Karabakh, sous le nez des 2 000 soldats de maintien de la paix russes déployés dans la zone. Pour chaque incident, les deux camps ennemis se rejettent la responsabilité.
Le Centre turco-russe de surveillance de la paix, établi en janvier 2021 pour prévenir ce type d’incidents, n’a pas réagi. Un silence « significatif, qui s’explique par l’absence de consensus entre les représentants de la Russie et de la Turquie », signale l’expert en sciences politiques Shahin Jafarli, du Baku Research Institute. Cette situation bancale résulte, selon lui, de la rédaction « dans un esprit bien russe » de l’accord tripartite : « Une bombe à retardement, parce qu’elle permet des interprétations contradictoires ». Selon l’article premier, les forces ennemies conservent les positions acquises au moment de la signature. Mais, l’article 4 stipule que « le contingent de maintien de la paix de la Fédération de Russie est déployé parallèlement au retrait des forces armées arméniennes. » Un retrait qui n’a jamais été effectué, au grand dam de Bakou. Shahin Jafarli interprète donc les incidents à la frontière comme « une politique musclée de l’Etat azerbaïdjanais, qui en maintenant la pression sur l’autre camp, tente de dicter ses conditions ».
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