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Richesse mondiale: pourquoi un rattrapage fiscal s’impose

On pouvait s’y attendre, et les chiffres le confirment spectaculairement : la terrible récession liée au Covid et aux différents confinements a été aussi bénéfique aux plus riches que néfaste aux plus pauvres. Pourquoi ? Parce que l’argent va à l’argent (c’est le principe du capitalisme : transformer la richesse en capital, donc en source d’enrichissement), et parce que les milliers de milliards de dollars ou d’euros, créés par les banques centrales pour soutenir l’économie, ont formidablement valorisé les actifs (au sens comptable du mot, autrement dit les avoirs), donc bénéficié à ceux qui les possèdent.

Il n’y a jamais eu autant de milliardaires dans le monde, et ils n’ont jamais été aussi riches. Alors qu’à l’inverse la pauvreté, qui reculait dans le monde depuis quarante ans (grâce à la mondialisation), explose : un million de nouveaux pauvres en France, 150 millions dans le monde ! Moralement, c’est choquant. Politiquement, c’est délétère. Que les riches s’enrichissent, ce n’est pas en soi un scandale. Mais c’en est un si c’est au détriment des plus pauvres et des plus nombreux, comme c’est le cas depuis seize mois.

Taxer les plus riches ? Moralement justifié et politiquement nécessaire

Qui peut accepter que tant d’ultrariches paient moins d’impôts, en proportion, que les contribuables

simplement aisés ? Que le partage de la valeur profite de plus en plus aux actionnaires, de moins en moins aux salariés ? Que tant de misère côtoie tant de luxe ? Trop d’inégalité heurte la morale, fragilise le corps social, décrédibilise l’Etat, enfin fait le jeu des populismes. Il devient donc urgent d’y remédier. Comment ? Ce sera l’un des enjeux de la prochaine élection présidentielle.

Taxer les plus riches ? C’est à la fois moralement justifié et politiquement nécessaire. Reste à trouver une façon de le faire qui ne soit pas économiquement contre-productive. C’est tout le débat sur l’ISF, transformé et si fortement réduit par Macron (puisqu’il ne porte plus que sur la fortune immobilière). Faut-il le rétablir, au moins à titre exceptionnel ? L’alourdir ? Augmenter plutôt les droits de succession ? Accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu ? Laissons là-dessus les économistes nous éclairer, mais privilégions, en tant que citoyens, les impôts les plus efficaces plutôt que les plus justes. Cela pose la question de l’exil fiscal. Qu’il soit moralement condamnable, on peut bien l’admettre, mais cela ne suffira jamais à l’empêcher. Imaginons que tous les plus riches (ou même seulement la moitié d’entre eux) quittent notre pays : ils n’en seraient pas moins riches pour autant, mais la France en serait beaucoup plus pauvre !

L’idéal serait bien sûr une harmonisation européenne, voire mondiale, de la fiscalité. C’est vers quoi il faut tendre. D’ici-là, méfions-nous des réactions trop exclusivement morales. Un impôt qui appauvrit la nation, fût-il moralement justifié, est un mauvais impôt. Ce n’est pas la richesse qu’il faut combattre, c’est la pauvreté.

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