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Cinéma : la production indépendante américaine sous pression

Extrait du film « Uncut Gems » (2019), des frères Safdie, produit par le studio A24. WALLY MCGRADY

Le Festival de Cannes aiguise-t-il de nouveaux appétits ? Selon le magazine américain Variety, un acheteur – peut-être Apple ? – aurait proposé entre 2,5 et 3 milliards de dollars (entre 2,1 et 2,5 milliards d’euros) pour mettre la main sur A24, le ministudio indépendant le plus coté des Etats-Unis. Celui qui a produit Moonlight, de Barry Jenkins, trois fois oscarisé, ou encore Uncut Gems, des frères Safdie. Ce projet a été rendu public mercredi 14 juillet pile au moment où A24 présentait en compétition Red Rocket, de Sean Baker, l’histoire assez piteuse d’un comédien, star du porno, qui, ruiné, revient vivre chez son ex-femme et sa belle-mère dans une ville perdue du Texas. Un film à tout petit budget, tourné en un temps record avec des acteurs non professionnels.

Ni Apple ni A24 n’ont confirmé l’information. Créé en 2012 par Daniel Katz et David Fenkel, grâce à des fonds de Guggenheim Partners, A24 produit et distribue une dizaine de films par an. A chaque production correspond une approche marketing – étonnante pour ce type de films – extrêmement ciblée, qui va jusqu’au choix des musiques des publicités. La valorisation stratosphérique d’A24 découle de la nécessité des géants du streaming de nourrir leurs catalogues de films. Comme en témoignent les 8,45 milliards de dollars déboursés par Amazon pour acquérir la MGM et son seul trésor, les droits de James Bond.

Diffusion réduite en salle

Le paysage du cinéma indépendant outre-Atlantique a considérablement évolué. « Depuis que les studios hollywoodiens, qui produisaient quarante films par an jusqu’en 1980, trouvent plus lucratif de n’en produire que cinq par an en y concentrant les dépenses de promotion, tout a changé », explique Richard Peña, professeur de cinéma à l’université Columbia (New York). La notion même de cinéma indépendant reste assez large puisque cela concerne tout sauf les super-héros, les franchises et les suites des studios. « Avec les technologies numériques, faire un long-métrage est à la portée de tous les citoyens américains », affirme Richard Peña, également coprogrammateur du festival American Fringe. La production de films (hors studios) est pléthorique, comme le nombre de festivals. Celui de Sundance reçoit par exemple chaque année près de 1 300 longs-métrages, de qualité diverse.

« Tout le monde a pris l’habitude de regarder des films sur Netflix. A terme, les salles pourraient être réservées, comme l’opéra, à un public très élitiste » Richard Peña, professeur de cinéma à l’université Columbia (New York)

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