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La fausse ouverture de Narendra Modi sur le Cachemire indien

Farooq Abdullah, président de la Conférence nationale de Jammu-et-Cachemire (au second plan) et Mehbooba Mufti, présidente du Parti démocratique du peuple de Jammu-et-Cachemire (au centre), le 22 juin à Srinagar. MUKHTAR KHAN / AP

En arrivant aux commandes de l’Inde il y a de cela sept ans, Narendra Modi avait fait deux promesses ambitieuses à la frange la plus radicale de la sphère nationaliste hindoue, socle indéfectible de son électorat : construire un temple hindou sur les ruines de la mosquée d’Ayodhya, et rendre irréversible la souveraineté de l’Inde au Cachemire, seule région à majorité musulmane du pays, que le Pakistan revendique depuis la partition de 1947.

Le premier de ces projets est en train de devenir réalité, puisque, en dépit de l’épidémie de Covid-19, les pelleteuses sont à l’œuvre depuis bientôt un an dans la cité sainte de l’Uttar Pradesh, pour faire sortir de terre un édifice cultuel monumental à la gloire de la divinité Rama, symbole, selon le ministre de l’intérieur Amit Shah, de « l’ouverture d’une nouvelle ère » en Inde.

Le second projet vient quant à lui de franchir une étape déterminante, avec la réception des principaux leaders du Jammu-et-Cachemire, la partie indienne du Cachemire, par le premier ministre, le 24 juin, à Delhi. Pour la première fois depuis le coup de force du 5 août 2019, à la suite duquel ils avaient été assignés à résidence et coupés du monde pour plusieurs mois, des responsables politiques de premier plan, dont plusieurs anciens chefs de l’exécutif régional, se sont retrouvés face aux deux hommes qui avaient ordonné leur arrestation : Narendra Modi et Amit Shah.

Rencontre surréaliste

On imagine combien la tension devait être palpable. Parmi eux, Mehbooba Mufti, présidente du Parti démocratique du peuple de Jammu-et-Cachemire (PDP), qui avait gouverné la région en coalition avec le Parti du peuple indien (BJP, au pouvoir), depuis la mort de son père Mufti Mohammad Sayeed, en janvier 2016, jusqu’à la défection dudit BJP, en juin 2018. Etaient aussi présents Farooq Abdullah, membre à la Lok Sabha, la Chambre des députés fédérale, et président de la Conférence nationale de Jammu-et-Cachemire (JKNC), ainsi que son fils Omar, ancien secrétaire d’Etat au commerce et à l’industrie, puis aux affaires étrangères, sous le gouvernement de feu Atal Bihari Vajpayee, grande figure du BJP.

Ces personnalités, ayant travaillé avec la droite nationaliste, peuvent difficilement être taxées de séparatisme, pour ne pas dire de terrorisme, terme qu’affectionnent en général MM. Modi et Shah pour qualifier toute opinion rétive à leur idéologie de l’hindutva, l’école de pensée selon laquelle la citoyenneté indienne est intrinsèque à la confession hindoue, et inversement.

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