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Des Fannos, membres d’une milice amhara, dans le village de Addi Arkay, en Éthiopie, le 14 juillet 2021. EDUARDO SOTERAS / AFP
En entendant siffler les balles, une foule se précipite sur le bord de la route principale de Dabat. Un pick-up rempli de miliciens vient de surgir dans cette ville de la région Amhara, la deuxième plus grande province de l’Ethiopie. « Amenez-nous avec vous ! », lancent quelques jeunes à ces combattants, célébrés comme des héros et qui tirent dans le ciel en criant des slogans.
Cette armée de Fannos (miliciens nationalistes amhara) a été levée à la hâte dans les campagnes de cette région qui borde le Tigré. Ils sont déjà des milliers sur le front, à deux cents kilomètres plus au nord, le long des collines d’Addi Arkay, qui marquent la frontière entre les deux provinces. C’est là que s’est arrêtée la récente offensive des rebelles tigréens, contre lesquels l’armée fédérale éthiopienne mène une guerre depuis huit mois. Un conflit qui a attisé les rivalités ethniques, particulièrement entre Amhara et Tigréens, autour de plusieurs territoires férocement disputés depuis des décennies.
L’appel à la mobilisation générale a été décrété lundi 12 juillet. Tous les hommes de la province possédant une arme sont conscrits. Le Mouvement national amhara (NaMA), un parti nationaliste, a demandé aux Fannos de se tenir prêts pour cette campagne militaire, annoncée ni plus ni moins comme « une question de survie pour la région ».
Eléments de langage et communication
Pour Abay Mengiste, responsable local du Parti de la prospérité, la formation au pouvoir en Ethiopie, chacun est concerné : « Il ne s’agit pas de défendre un gouvernement ou un parti, le peuple tout entier est en alerte. » La machine est déjà en route : les investisseurs financent, les fonctionnaires font don de leur salaire, les femmes préparent les vivres et les miliciens partent au front. Depuis son bureau à Debarq, dans le nord de la région, Abay Mengiste coordonne cet enrôlement de masse. Il raconte le recrutement des miliciens ce matin du 13 juillet, lorsque, à l’aube, les haut-parleurs des qebélés (quartiers) ont relayé le message de conscription.
Le responsable tient « à rétablir » deux faits : « Nous avons initialement vaincu les forces du Front populaire de libération du Tigré [FLPT] et ces mêmes forces veulent désormais commettre un génocide contre le peuple amhara. » Un tel discours fait aujourd’hui l’unanimité au sein de la population de la région, signe d’une radicalisation de ce conflit qui se joue aussi sur le terrain de la communication. Les habitants sont parfois briefés sur ces éléments de langage par des officiels avant de s’adresser aux médias.
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