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Des skateparks de Lyon aux JO de Tokyo, le prodige Aurélien Giraud rêve d’or

À 23 ans, le prodige du skate Aurélien Giraud représentera la France dans la discipline « street » aux premiers JO de l’histoire de son sport. Son objectif : rafler la médaille d’or et contribuer ainsi au rayonnement du skateboard, dans l’espoir de convaincre les sceptiques qui estiment que la discipline n’a rien à faire aux Jeux olympiques. 

À 4 ans. C’est l’âge auquel Aurélien Giraud a découvert et débuté le skateboard au skatepark de Gerland, dans sa ville natale de Lyon. Considéré comme l’une des plus grandes stars françaises de la discipline, il s’apprête, 19 ans plus tard, à Tokyo, à participer à la première compétition olympique de skateboard. 

« Quand j’ai commencé, c’était super impressionnant de voir tous les grands skaters. Je voulais être comme eux », se rappelle Aurélien Giraud. « Mon père était content de me voir m’épanouir dans ce sport, mais ma mère avait peur. Elle m’achetait toutes les protections possibles et imaginables. Les autres m’appelaient ‘Robocop’ », rigole-t-il.  

Lorsque son père meurt, Aurélien n’a que 6 ans. Sa mère continue pourtant de l’emmener au skatepark. C’est au même moment que Régis Caillol, le manager de Gerland, le prend sous son aile et lui offre une planche adaptée à sa petite taille. Phénomène de précocité, il se fait remarquer à l’occasion d’une première compétition, le V7 teenage tour. 

« J’aimais tellement le skate que j’en faisais tout le temps », se souvient-il. « Je ne mangeais pas, je buvais très peu. Un jour, j’avais skate huit heures d’affilée, j’ai fait une figure toute bête alors que je ne me sentais pas bien. J’avais la tête qui tournait, ma tête a tapé et je me suis réveillé chez moi sans me souvenir de rien. Je crois que j’avais un trauma crânien. » 

Pas de quoi dégoûter le Lyonnais de son sport fétiche : « Les chutes font partie du skate. »  

Tampa Am, le tournant 

Soutenu très tôt par le magasin spécialisé lyonnais Wall Street, il signe un premier contrat important avec Red Bull dès ses 13 ans. Mais quatre ans plus tard, lorsqu’il remporte le célèbre tournoi amateur Tampa Am, sa carrière entre dans une nouvelle dimension. Aurélien Giraud devient alors un professionnel du skate. Lui qui a grandi en admirant Ryan Sheckler est désormais son collègue chez la marque de skate Plan B. 

Un an après leur report en raison de la pandémie de Covid-19, les JO de Tokyo s’ouvriront enfin le 23 juillet. Des dizaines d’athlètes vont découvrir cette grande fête du sport dans un contexte très particulier liés aux restrictions sanitaires drastiques. France 24 est allé à la rencontre de plusieurs d’entre eux qui représenteront les nouvelles disciplines de ces JO uniques : le surf, le skateboard, l’escalade, le karaté et le basket 3×3.

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« Je n’aurais jamais imaginé que ma planche m’emmènerait aussi loin. C’est incroyable de gagner sa vie sur un skate, en voyageant partout dans le monde », explique-t-il, alors qu’il enchaîne les performances, les contrats, les séances photo et les tournages. 

« Aurélien, il a un toucher de board assez incroyable. Chez lui, c’est inné alors que d’autres le travaillent longtemps », explique son manager, Jérémie Grynblat. « Un autre de ses talents, c’est que quand il réussit une figure pour la première fois, il parvient à la reproduire longtemps. Elle rentre dans sa tête », poursuit-il. Et de continuer : « Il a aussi un ‘pop’, une explosivité impressionnante et il est capable d’aller très haut. » 

« En France, ça peut être dur de vivre du skateboard, mais j’ai la chance d’avoir une grande communauté qui me suit et de gagner des compétitions. C’est sûr que si j’avais été aux États-Unis, ça aurait certainement été plus simple. » 

Le rêve américain 

Patrie d’origine de ce sport, les États-Unis, et plus précisément la Californie, font figure de « Mecque du skateboard ». Aurélien Giraud garde un souvenir ému de son premier voyage outre-Atlantique. 

« Je me souviens de la première fois que j’ai découvert les États-Unis, c’était comme un rêve. J’étais avec Vincent Matheron [son ami et coéquipier de l’équipe de France de skate, NDLR]. J’étais ébloui, je regardais partout. C’était mon rêve d’enfant de faire du skate aux USA », se rappelle-t-il. 

En 2021, pour préparer le Dew Tour, il a d’ailleurs passé un mois en Californie, chez Vincent Matheron qui y est expatrié. Désormais, son projet à court terme est de rejoindre la terre promise californienne pour y vivre le rêve américain. « Tous les sponsors sont là-bas, toutes les légendes du sport, les meilleurs skateparks. C’est là où tout le monde est et où tout se passe. C’est le mouvement à faire pour passer un palier », explique-t-il. 

Un mariage compliqué entre JO et skate 

Classé 6e mondial avant les Mondiaux-2021 de street, Aurélien Giraud a décroché sa qualification pour les premiers JO de l’histoire de la discipline. « C’est incroyable de pouvoir disputer les premiers Jeux olympiques de skate et de pouvoir représenter son pays. C’est une fierté et en même temps une source de stress. On va essayer de ramener la médaille d’or », veut croire le jeune homme. 

Si Aurélien Giraud est ravi de voir son sport aux JO, toute la communauté du skateboard n’est pas unanime. En 2016, lorsque le skateboard est annoncé parmi les nouvelles disciplines olympiques à partir de Tokyo, avec le surf, l’escalade, le karaté et le baseball/softball, une partie des skateurs pro s’étaient élevés contre l’idée, défendant l’idéal libertaire de leur discipline, peu compatible selon eux avec le carcan olympique. 

« Ceux qui sont contre les Jeux olympiques sont ceux qui étaient déjà anticompétition. Pour eux, le skateboard, c’est avant tout dans la rue », explique le jeune homme. « Le skate peut prendre un vrai tournant. J’espère que cela va donner aux gens l’envie d’en faire mais, en même temps, il ne faut pas que les gens se mettent au skate pour faire les JO. Le skate, ce n’est pas ça à la base et ce serait dommage de le limiter à ça », concède-t-il. 

« Je pense que c’est une bonne nouvelle pour le skate. On va avoir beaucoup plus de gamins qui vont découvrir cette discipline et s’y intéresser. S’il y a un intérêt, on aura plus de pratiquants donc plus de skateparks, donc plus de reconnaissance et on nous prendra moins à la légère au niveau institutionnel », note le manager Jérémie Grynblat. « C’est aussi intéressant au niveau business, on ne va pas se le cacher. Si on vend plus de planches, les skate shops s’en sortiront mieux. » 

« Cependant, je comprends parfaitement ceux qui ont peur que le skate perde son âme. Ce sont des puristes, attachés à la notion de liberté autour de ce sport et qui ne veulent pas que des gens qui n’ont rien à voir avec la discipline se l’approprient à des fins financières », continue-t-il. 

« Or pourquoi le CIO a-t-il ajouté le skateboard [au programme des JO] ? C’est pour faire du blé en vendant les droits télé. Les jeunes aujourd’hui préfèrent regarder le skate plutôt que le 400 m », ajoute le manager d’Aurélien Giraud. « Nous, on se bat pour s’assurer que les bonnes personnes sont au cœur de ce projet olympique. Si jamais on ne se retrouvait plus qu’avec des personnes extérieures au skateboard, il est probable qu’on claque la porte. Ces JO peuvent devenir une énorme mascarade et ne pas fonctionner comme espéré. Mais dans ce cas, on pourra au moins dire qu’on […] a laissé une chance [au skate olympique]. « 

Et pour le manager, l’objectif d’Aurélien Giraud est clair : « Aurélien ne va pas aux JO pour enfiler des perles. Il veut la médaille d’or. De toute façon, il ne sait pas se contenter de la 2e ou de la 3e place. Il préfère tout risquer pour remporter une première place plutôt qu’assurer pour la deuxième ou la troisième place. » 

Source

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