En début de matinée, il était question de quatre morts. A la nuit tombée, on en dénombrait cinquante-neuf. Jeudi 15 juillet, le bilan des terribles inondations qui ont frappé l’ouest de l’Allemagne s’est alourdi d’heure en heure. Et encore ne s’agit-il que d’un décompte provisoire, alors que plusieurs dizaines de personnes étaient encore portées disparues et que plus de 200 000 foyers étaient privés d’électricité en fin de soirée.
Depuis celles de 1962, qui avaient fait 315 morts à Hambourg, l’Allemagne n’avait pas connu d’inondations aussi meurtrières. Cette fois, c’est la Rhénanie qui a été touchée, et en particulier la région située au sud-ouest de Bonn, où les pluies diluviennes des derniers jours ont fait monter de parfois près de huit mètres le niveau de plusieurs petites rivières. Comme à Ahrweiler et Euskirchen, deux cantons viticoles littéralement engloutis par les eaux, et qui concentraient à eux seuls plus de la moitié des morts dénombrés jeudi soir dans le pays.
Exceptionnelle, la situation a même poussé Angela Merkel à déroger à un principe qui lui est pourtant cher : ne jamais s’exprimer sur ce qu’il se passe en Allemagne quand elle est à l’étranger. En déplacement à Washington, jeudi, la chancelière a fait une entorse à cette règle en prenant solennellement la parole pendant un peu plus de trois minutes depuis l’ambassade d’Allemagne. « C’est une catastrophe, on peut même dire une tragédie. Je suis bouleversée par les nouvelles qui me parviennent. (…) Soyez assurés que toutes les administrations – au niveau fédéral, régional et local – uniront leurs forces pour sauver des vies et rendre la situation moins dangereuse et moins pénible. »
Les débris de maisons détruites par les inondations, à Schuld, près de Bad Neuenahr, dans l’ouest de l’Allemagne, le 15 juillet 2021. BERND LAUTER / AFP Des pompiers lors d’une mission de secours dans le quartier d’Ehrang, à Trèves, dans l’ouest de l’Allemagne, le 15 juillet 2021. ERNST METTLACH / AFP
A deux mois des élections législatives du 26 septembre, c’est toutefois moins sur une Angela Merkel sur le départ que sur ses successeurs potentiels que les médias allemands ont concentré leur attention. Et ce d’autant plus que les images de jeudi ont réveillé des souvenirs : celles des inondations qui avaient frappé l’est du pays, en août 2002, quand l’Elbe avait débordé. A l’époque aussi, l’Allemagne était en pleine campagne électorale et, de l’avis de tous les observateurs, c’est en se rendant rapidement sur place, bottes aux pieds, pour superviser les opérations de sauvetage, que le chancelier social-démocrate (SPD) sortant, Gerhard Schröder, avait plié le match de sa réélection face au conservateur bavarois (CSU) Edmund Stoiber, qui était apparu totalement dépassé par les événements.
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