Le feuilleton de la formation du gouvernement libanais, ce spectacle atterrant qui dure depuis bientôt un an, sur fond de décomposition économique et sociale du pays du Cèdre, n’est pas près de s’arrêter. Jeudi 15 juillet, le premier ministre désigné, Saad Hariri, chef de file du camp sunnite, a renoncé à composer un cabinet, en raison de désaccords insurmontables avec le président Michel Aoun et son gendre Gibran Bassil, patron du principal parti chrétien.
Nommé en octobre 2020, déjà trois fois premier ministre, Saad Hariri devait succéder à Hassan Diab, poussé à la démission par l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, qui a fait plus de deux cents morts et dévasté plusieurs quartiers de la capitale.
Son retrait, après neuf mois de tractations aussi houleuses que vaines, promet d’exacerber la crise dantesque qui sévit au Liban, marquée par un effondrement de la livre, une hyperinflation, et des pénuries d’essence et de médicaments.
Cette décision risque de retarder encore un peu plus le passage de réformes cruciales, condition posée par les bailleurs de fonds étrangers pour débloquer les milliards de dollars d’aides promis ces dernières années aux autorités de Beyrouth. Considérée par la Banque mondiale comme l’une des pires de l’histoire moderne, la récession libanaise a anéanti le pouvoir d’achat de la population, passée à plus de 50 % sous le seuil de pauvreté.
Querelle avec le président Aoun
Saad Hariri s’est récusé a l’issue d’un court entretien avec Michel Aoun, au cours duquel ils se sont opposés, une énième fois, sur un projet de répartition des portefeuilles, que le premier avait soumis la veille au second. « Je lui ai proposé plus de temps pour réfléchir et il a dit : “Nous ne pourrons pas nous mettre d’accord”, a déclaré Saad Hariri à la sortie du palais présidentiel. C’est pourquoi je me suis excusé de ne pas pouvoir former le gouvernement. » Les services de Michel Aoun ont répondu dans un communiqué que M. Hariri « n’était prêt à discuter d’aucun amendement. Quel est l’intérêt d’un jour supplémentaire si la porte des discussions est close ? »
Le premier ministre désigné Saad Hariri (droite) et le président Michel Aoun, au palais présidentiel de Baabda, le 15 juillet 2021. STRINGER / AFP
La querelle entre les deux hommes portait sur la manière de designer les ministres chrétiens, censés, selon la Constitution, constituer la moitié du gouvernement. Le président, qui se pose en défenseur de cette communauté – dont les attributions ont été revues à la baisse par l’accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre civile –, exigeait que cette prérogative lui revienne entièrement. Le premier ministre désigné, soucieux de redonner du lustre a ce poste, réservé par tradition à un sunnite, après un mandat peu réussi, entre 2016 et 2020, rejetait cette demande.
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