« De nombreuses incertitudes »: la Chine a vu sa croissance s’essouffler au deuxième trimestre, avec une hausse du PIB de 7,9%, alors que la consommation intérieure tarde à se remettre de l’épidémie et que le virus menace toujours l’économie mondiale.
Au premier trimestre, le produit intérieur brut (PIB) du pays avait enregistré une hausse de 18,3% sur un an, du fait de la faible base de comparaison avec le début 2020, quand l’activité était paralysée par l’épidémie.
Désormais quasi débarrassée du Covid-19, la Chine a été le premier pays à retrouver dès fin 2020 un niveau d’activité pré-pandémie.
Par rapport au premier trimestre 2021 — base de comparaison plus réaliste — l’évolution du PIB est en hausse de 1,3%, après 0,6% sur la période janvier-mars.
Mais la reprise est « inégale » et de « nombreuses incertitudes externes » persistent, a prévenu le Bureau national des statistiques (BNS). « Des efforts restent nécessaires pour consolider les bases d’une reprise et d’un développement stables », a estimé le BNS.
Ce ralentissement de la croissance était largement anticipé. Un groupe d’analystes sondés par l’AFP tablait sur une décélération plus prononcée (7,7%).
– Pas sortie d’affaire –
Dans une usine produisant du désoxydant destiné à l’exportation, à Haian dans la province du Jiangsu, le 5 juillet 2021 (AFP/Archives – STR)
« Les exportations ont été un moteur clé » grâce à la reprise aux Etats-Unis, dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, remarque pour l’AFP l’analyste Rajiv Biswas, du cabinet IHS Markit. En juin, les ventes à l’étranger du géant asiatique s’affichaient ainsi en hausse de 32,2% sur un an.
Mais « le pic semble atteint » et les exportations devraient se tasser, prévient l’analyste Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.
La demande de l’étranger en produits électroniques (pour le télétravail) et pharmaceutiques a porté ces derniers mois les exportations chinoises. Mais elle devrait à présent être moins forte à mesure que l’économie mondiale repart et que la vaccination progresse, estime-t-il.
Au deuxième trimestre, « la reprise des investissements, de la consommation et des services s’est accélérée mais [la Chine] n’est pas encore tout à fait sortie d’affaire » au niveau sanitaire, estime l’analyste Gene Ma, de l’Institut de la finance internationale (IIF).
En cause notamment: l’apparition au printemps d’un foyer de Covid-19 qui a particulièrement pesé sur l’activité et la consommation dans le Guangdong, une province très peuplée du sud où de nombreuses usines sont implantées.
Sur un marché de Shenyang, dans la province du Liaoning, dans le nord-est de la Chine, le 9 juillet 2021 (AFP – STR)
La flambée des prix des matières premières a également été un frein à la reprise. Et afin d’atténuer le choc, Pékin a annoncé le mois dernier mettre sur le marché des métaux puisés dans ses réserves nationales.
La production industrielle chinoise s’est néanmoins tassée en juin (+8,3% sur un an), contre 8,8% un mois plus tôt. De même que les ventes de détail, principal indicateur de la consommation: +12,1% sur un an, contre 12,4% en mai.
– Pression sur les PME –
Ces deux indicateurs n’en demeurent pas moins « résilients » et sont à des niveaux supérieurs aux attentes des analystes, remarque M. Biswas.
Quant à l’investissement en capital fixe, sa croissance décélérait sur les six premiers mois de l’année à 12,6%, selon le BNS.
Le taux de chômage — calculé pour les seuls urbains — s’est affiché en juin à 5%, après un record absolu de 6,2% en février 2020, au plus fort de l’épidémie.
Si la Chine a été la seule grande économie à connaître une croissance positive en 2020, elle doit à présent entrer dans une nouvelle phase de reprise.
Le Premier ministre Li Keqiang lors d’une conférence de presse virtuelle, au Grand Palais du Peuple à Pékin le 11 mars 2021, à l’occasion de la clôture de l’Assemblée nationale populaire (AFP/Archives – Noel Celis)
Le Premier ministre Li Keqiang a reconnu cette semaine que les petites et moyennes entreprises — principal vivier d’emplois — étaient sous pression du fait de la hausse des matières premières.
Et dans ce contexte d’essoufflement de la reprise, la banque centrale a annoncé vendredi une baisse du taux de réserve obligatoire des banques.
Cette mesure doit leur permettre de prêter davantage aux entreprises, à des conditions plus favorables, et in fine de soutenir l’emploi. D’après la banque centrale, cette décision doit permettre d’injecter à long terme 1.000 milliards de yuans (130 milliards d’euros) dans l’économie.
Le Fonds monétaire international (FMI) table cette année sur une hausse de 8,4% du PIB de la seconde économie mondiale, après 2,3% en 2020.
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