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Algérie : « Depuis 1962, le pouvoir use de la force pour écraser tout projet politique démocratique alternatif à sa dictature »

Tribune. En février 2019, après vingt ans de règne dégénératif d’Abdelaziz Bouteflika, et à l’aube de son cinquième mandat qui devait prolonger l’agonie du pays, le peuple algérien a décidé de mettre fin à l’humiliation et de se réapproprier son histoire et son destin.

C’est un signe de continuité du fil de la résistance que le déclic de ce mouvement exemplaire de protestation contre le système, « Tanekra/Hirak », soit parti le 16 février de Kherrata – la ville-martyre de 1945, la ville-résistance qui incarne l’Algérie profonde, le sacrifice et le combat patriotiques pour la libération et contre l’oppression coloniale –, suivie de Khenchela avant d’embrasser tout le pays.

Le mouvement a tout de suite été un succès. L’exemplarité pacifique et sereine le fit apprécier dans le monde entier. Il obtint des résultats immédiats en contraignant Bouteflika à renoncer à un nouveau mandat et en empêchant une élection présidentielle anticipée de se tenir dans le but de sauver le système.

Une stratégie grossière du pouvoir

Mais la victoire politique la plus insigne de ce mouvement est d’avoir obligé le système qui s’autoreproduit depuis l’indépendance dans une alternance clanique et dynastique, de se défausser brutalement de sa façade civile pour dévoiler son substrat militaire.

La prise en main de la succession par le général Gaïd Salah (1940-2019) a déniaisé les derniers crédules sur la nature et la volonté du système à faire acte de patriotisme en répondant aux aspirations du mouvement populaire qui, composite, pluriel, kaléidoscopique même, reposait sur un sentiment, un vœu et une volonté : se libérer d’un système qui écrase la citoyenneté, la justice et les libertés.

Après avoir utilisé le mouvement pour essayer de rompre avec l’esprit Bouteflika, opportunément honni après avoir été copieusement servi, le nouveau pouvoir élabore une stratégie grossière, d’abord de délégitimation, puis de diabolisation et, enfin, de criminalisation du mouvement de février 2019.

La nativité patriotique du mouvement

Cette insurrection citoyenne qui paraissait surgir ex nihilo est, en fait, le résultat de la stratification des luttes citoyennes multiformes menées depuis l’indépendance dans le pays contre le système autoritaire et contre le déni opposé par la force aux aspirations démocratiques du peuple.

Cependant, profitant de la décision spontanée en raison de la pandémie de suspendre les marches, le pouvoir a décidé de faire face au mouvement en recourant au pire des arbitraires, l’emprisonnement et même la torture.

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