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En imagesJardins extraordinaires (1/6). Le photographe français Tom de Peyret a parcouru le parc de Las Pozas, au Mexique, 32 hectares de végétation luxuriante parsemés de piscines naturelles et de sculptures surréalistes, rêvé par le poète et collectionneur britannique Edward James.
« Je ne retournerai jamais au Mexique. Je ne peux pas supporter l’idée d’être dans un pays plus surréaliste que mes peintures. » La chaleur suffocante serait-elle montée à la tête de Salvador Dalí pour lui faire dire cela ? Ou voulait-il parler des ruines aztèques et mayas rongées par la végétation ? De leurs dieux terrifiants, tels sortis d’un cauchemar ? De la mort célébrée comme une joie ? D’ailleurs, le peintre est-il seulement allé au Mexique ? Les biographes et les experts ont beau chercher, ils peinent à trouver les détails précis de ce voyage qui lui aurait fait prononcer ces mots.
Le grand manipulateur qu’était Dalí s’était peut-être inventé un périple pour mieux se démarquer de ses camarades surréalistes. Car c’est un pan méconnu, mais capital, de l’histoire du courant artistique : sa migration vers le Mexique au milieu du XXe siècle. En 1938, André Breton, fondateur du mouvement, son patriarche ou son dictateur selon les points de vue, part quelque temps à Mexico. Il rend visite au couple de peintres Diego Rivera et Frida Kahlo, croise Léon Trotski en exil.
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Plus tard, la seconde guerre mondiale verra une série d’artistes trouver refuge dans le pays. Certains, comme le cinéaste Luis Buñuel, n’y séjourneront que le temps du conflit. D’autres y resteront, comme la peintre Leonora Carrington, personnage follement romanesque, un temps maîtresse de l’écrivain Max Ernst, amie de Paul Éluard et de Leonor Fini. Elle mourra à Mexico en 2011, à 94 ans.
Autels sans idoles
L’Anglaise avait ses habitudes à Las Pozas, un parc immense situé dans les collines de Xilitla, dans le centre-nord du Mexique, parsemé de piscines naturelles (pozas, en espagnol). Là, elle retrouvait le fondateur des lieux, Edward James (1907-1984). Ce poète, fils de la haute société britannique, avait été un mécène des surréalistes et s’était fait portraiturer par Magritte – deux tableaux où son visage n’apparaît pas.
Grand collectionneur, il était aussi voyageur et avait atterri là, dans la luxuriance végétale, pour se construire son jardin d’Éden. Dans les 32 hectares d’une ancienne plantation de café, il avait fait pousser des dizaines de milliers d’orchidées. Le gel les tuera toutes. Il se lancera ensuite dans la construction d’arbres de pierre, d’escaliers qui ne mènent nulle part, de rangées de colonnes, d’autels sans idoles. Ses amis défileront, dont beaucoup seront attirés par les champignons hallucinogènes cueillis dans les feuillages.
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