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RécitMercredi 7 juillet, l’Etat hébreu a détruit pour la septième fois les structures d’une communauté bédouine où vivaient quarante-deux Palestiniens dont vingt-quatre enfants, dans le nord de la Cisjordanie.
D’Humsa Al-Baqai’a, il ne reste que neuf tas de débris, au pied d’une colline aride – des frigos éventrés, un fauteuil défoncé au milieu du désert et des bouts de meubles. Le 7 juillet au matin, l’administration civile israélienne, organe subordonné à l’armée en Cisjordanie occupée, a détruit les trente structures de la communauté, avec l’aide de soldats.
Six familles palestiniennes vivaient encore là. « Ils n’ont rien laissé », raconte Aïcha Abdelkabesh, 58 ans, matriarche qui veille sur seize âmes, tous déplacés d’Humsa Al-Baqai’a, à environ un kilomètre de là. Quelques piquets et une bâche leur servent désormais de salon, cuisine et salle de bains ; de l’autre côté d’une maigre séparation, leurs bêtes fuient le soleil brûlant. Les matelas ont été étendus dehors ; il n’y a pas la place pour que tous dorment sous l’abri et, de toute façon, il fait trop chaud.
Mercredi 7 juillet, le jour de la destruction, « la température dépassait allègrement les 40 °C-45 °C. On était là, sous le soleil, c’était l’enfer, j’avais peur pour les gamins », se souvient la Palestinienne, en regardant avec tendresse la dernière de ses petits-enfants, Manar, 8 mois, qui gigote dans son lit en bois. Les déplacés assurent avoir été laissés toute la journée sans assistance, au pied de la colline pelée ; toutes leurs affaires ont été saisies, jusqu’aux réserves d’eau et de couches. Le reste a été aplani à coups de pelleteuse.
Humsa al Baqai’a, vallée du Jourdain, Cisjordanie, le 11 juillet 2021. Au moins 70 palestiniens, dont 35 enfants, des familles de bergers, ont vu leurs installations détruites à plusieurs reprises cette année. LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »
« Nous n’avions jamais vu cela avant. L’armée a commencé à 9 heures, pour finir vers 20 heures. Ils ont chargé dans des véhicules tout ce qui se trouvait là, à l’exception des vêtements que les Palestiniens portaient sur eux, explique Christopher Holt, représentant du West Bank Protection Consortium, qui regroupe des ONG internationales et est financé par des Etats de l’Union européenne (UE). Cela ressemblait à une tentative très agressive de forcer ces gens à quitter la communauté. »
Une zone de tir
Des diplomates européens, dont un représentant de la France, arrivés dans la foulée, n’ont pas été autorisés à rentrer. L’aide humanitaire n’a pu atteindre le site qu’en soirée, et de manière très restreinte. A bout, les familles sont parties le lendemain s’abriter à un kilomètre de là, sous des tentes et structures érigées en mars, après une énième démolition. C’est la septième fois en neuf mois que les Israéliens détruisent tout ou partie du hameau ; en novembre 2020 et en février, ils avaient cependant laissé leurs affaires aux habitants.
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L’article Dans la vallée du Jourdain, l’UE impuissante face aux violations israéliennes est apparu en premier sur zimo news.