La gare de Sendagaya, à deux pays du Stade national de Tokyo qui accueillera le 23 juillet la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de la capitale nippone, est devenue le cœur des revendications de celles et ceux qui souhaitent revoir leurs enfants « enlevés » par leur conjoint après une séparation. Mercredi 14 juillet, le conseiller municipal de l’arrondissement de Shibuya, Ken Suda, a même fait le déplacement.
Il est venu apporter son soutien au Français Vincent Fichot, qui a débuté le 10 juillet devant l’entrée de la gare une grève de la faim, ultime recours pour revoir ses enfants « enlevés » par son épouse japonaise. Installé dans l’Archipel depuis quinze ans, l’ancien trader de 39 ans n’a pas revu son fils et sa fille de 6 et 4 ans, depuis 2018. « La dernière fois, c’était le matin du 10 août. Mon fils ne voulait pas que je parte. Je lui ai dit que j’allais travailler et qu’on jouerait ce soir. Quand je suis revenu du boulot, ma femme était partie avec les deux enfants. La maison était vide. »
Commence alors pour lui un marathon judiciaire qui l’oblige à se battre, jusqu’à la Cour suprême, pour démonter les accusations de violences conjugales formulées par sa femme – « elle s’est par la suite rétractée » – et tenter de revoir ses enfants. Les juges ont rejeté ses demandes et l’ont obligé à verser une pension alimentaire de 560 000 yens (4 300 euros) par mois à sa compagne. Même s’il conserve l’autorité parentale, il n’a pas le droit de s’approcher de ses enfants. « Sinon, je risque d’aller en prison. » Il ne sait même pas où se trouve sa famille.
Près de 150 000 cas similaires dans le pays
L’appui dont il bénéficie en France de la part du cabinet d’avocats Zimeray & Finelle, qui défend neuf autres parents étrangers dans la même situation au Japon, et a commencé des actions à l’ONU, au niveau européen et auprès du tribunal de grande instance de Paris, n’a pas modifié la donne. De même que la demande formulée par le président français, Emmanuel Macron, en 2019, au premier ministre japonais de l’époque, Shinzo Abe (2012-2020), après une rencontre avec M. Fichot et plusieurs pères dans le même cas.
Sans recours, Vincent Fichot a vendu sa maison, quitté son emploi. Sa grève de la faim est censée profiter de l’exposition internationale du Japon à l’occasion des Jeux olympiques de Tokyo pour faire entendre sa voix. Il s’est installé devant la gare de Sendagaya et espère une initiative de M. Macron, attendu pour cette cérémonie. « Mes enfants sont aussi citoyens français. La France doit faire quelque chose », explique celui qui se dit prêt à aller jusqu’au bout. « Je partirai d’ici avec mes enfants ou entre quatre planches. »
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