Il y a d’abord eu le temps politique, celui qui a vu les Européens s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, conformément à l’accord de Paris qu’ils avaient endossé, et à réduire, en conséquence, leurs émissions de CO2d’au moins 55 % à l’horizon 2030. Il a fallu des années de diplomatie et quelques sommets européens houleux pour que les Vingt-Sept s’embarquent ensemble dans la lutte contre le réchauffement climatique. Le temps est désormais venu de passer des paroles aux actes.
Mercredi 14 juillet, la Commission européenne a présenté une douzaine de propositions législatives qui ont justement pour objectif de donner corps au pacte vert européen. Au menu : élargissement du marché carbone européen, fin des voitures diesel et essence, taxe kérosène dans l’aérien, nouveaux objectifs en matière d’énergies renouvelables, mise en place d’un prélèvement aux frontières de l’Union européenne (UE) pour les importations de biens fabriqués dans des conditions moins vertes que leurs concurrents communautaires… « On rentre dans le dur et le concret, la mise en œuvre pratique, secteur par secteur, pays par pays, des engagements politiques », résume Lucie Mattera, du centre européen de réflexion E3G.
Ce paquet législatif, d’une ampleur inédite, a demandé de nombreuses heures de travail et de discussions, d’une direction générale de la Commission à l’autre, ou même entre les commissaires qui n’étaient pas tous d’accord, mais aussi avec les Etats membres et les parlementaires européens, qui seront appelés à se prononcer. Pour que les Vingt-Sept et les eurodéputés se mettent d’accord, et que ces propositions (très certainement amendées) se transforment en directives et autres règlements, ayant force de loi, il faudra encore des mois de négociations. Sans oublier les lobbys en tout genre qui auront à cœur de défendre leurs intérêts. Mais les propositions de la Commission permettent déjà de dessiner les grandes lignes d’une Europe plus verte.
Un deuxième marché carbone
Le renforcement du marché carbone européen (Emissions Trading System, ETS), sur lequel s’échangent des droits à polluer, est au cœur de ce paquet législatif. Les industries les plus polluantes (production d’électricité, sidérurgistes, cimentiers, aviation commerciale pour les vols dans l’UE…), qui représentent 40 % des émissions de CO2, y sont assujetties depuis 2005, sans que cela ait considérablement changé la donne, sauf pour la production d’électricité. Le prix de la tonne de CO2 est en effet longtemps resté très bas – 5 euros pendant dix ans – et n’a donc pas incité l’industrie lourde à se transformer.
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