La forte inflation aux Etats-Unis ne sera que temporaire, assure la Banque centrale

La très forte hausse des prix aux Etats-Unis suscite beaucoup d’inquiétudes, mais, pour le président de la Banque centrale américaine (Fed), cela ne marque pas le retour de la spirale inflationniste des années 70, et la situation devrait se stabiliser d’ici plusieurs mois.

L’inflation « devrait rester élevée dans les prochains mois avant de ralentir », dira Jerome Powell mercredi après-midi aux élus de la Chambre des représentants, selon son discours publié en amont.

Les perturbations d’approvisionnement mondiales ont conduit à une forte hausse des prix de certains produits et services, mais cela « devrait s’inverser partiellement à mesure que les effets des goulets d’étranglement se dissipent », a ainsi assuré Jerome Powell.

Quant à l’effet de comparaison sur un an, avec des prix qui avaient plongé lorsque le monde se confinait au printemps 2020, il va lui aussi diminuer, puisque les prix étaient ensuite doucement remontés.

Des voitures d’occasion en vente à Brooklyn, New York, le 29 septembre 2020 (AFP/Archives – Thomas URBAIN)

Son discours reste le même, malgré une hausse des prix qui a récemment atteint un niveau pas vu depuis 2008, +3,9% sur un an en mai selon l’indice PCE suivi par la Fed, +5,4% en juin selon l’indice CPI. L’essence et les voitures d’occasion font notamment grimper les chiffres.

Dernière donnée en date, les prix de gros, qui ont enregistré en juin leur plus forte hausse depuis que l’indice a commencé à être mesuré en novembre 2010. Ils ont bondi de 7,3% par rapport à juin 2020, selon l’indice PPI publié mercredi par le département du Travail.

Au-delà de ces chiffres, les inquiétudes portent surtout sur le caractère durable ou temporaire de cette inflation.

Le président de la Fed, comme les économistes de la Maison Blanche et bien d’autres, continue d’anticiper une stabilisation de l’inflation, dans quelques mois, autour de 2%, cible de la Banque centrale.

Certains pensent même que le pic d’inflation sur un an a été atteint.

– Reprise complète –

Cette hausse des prix a beau être élevée, il en faudra plus à la Fed pour qu’elle resserre ses conditions monétaires.

L’institution assure qu’elle « continuera à apporter un soutien puissant à l’économie jusqu’à ce que la reprise soit complète », selon Jerome Powell.

Pour établir sa politique monétaire, elle regarde de près les progrès accomplis dans deux domaines: l’inflation, qui doit dépasser 2% pendant un moment, puis ralentir et se maintenir à moyen-terme autour de cette cible ; et l’emploi, qui doit retrouver un niveau maximal.

Une station-service de Los Angeles (Californie) le 22 juin 2021 (AFP – Frederic J. BROWN)

Or, « les conditions sur le marché du travail ont continué à s’améliorer, mais le chemin reste long », a-t-il averti.

« Nous pensons toujours qu’il sera approprié de maintenir (les taux directeurs à leur niveau actuel) jusqu’à ce que les conditions du marché du travail aient atteint des niveaux » correspondant au plein emploi, a martelé Jerome Powell.

La Fed avait, pour soutenir l’économie américaine frappée de plein fouet par la crise provoquée par le Covid-19, abaissé ses taux directeurs dans une fourchette de 0% à 0,25%, et achète chaque mois pour 120 milliards de dollars de bons du Trésor et de titres adossés à des créances hypothécaires.

Par ailleurs, « comme nous l’avons dit, nous préviendrons avant d’annoncer toute décision de changement dans nos achats » d’actifs, qui devraient être réduits avant que les taux ne soient, dans un second temps, relevés, a-t-il souligné.

Le président de la puissante Réserve fédérale américaine a par ailleurs assuré une nouvelle fois que l’institution se tient « prête à ajuster la politique monétaire de façon appropriée si nous observons des signes indiquant que la trajectoire de l’inflation ou que les perspectives d’inflation à plus long terme se déplaçaient de façon importante et persistante au-delà des niveaux compatibles avec notre objectif ».

L’audition de Jerome Powell commencera à 16H00 GMT devant la Chambre des représentants. Il sera de nouveau interrogé jeudi, par les Sénateurs cette fois.